Salle du Corpus Hermeticum d’Hermès Trismégiste 5
Hermès à Ammon : de l’âme
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :
Hermès : L’âme est un être incorporel qui, même lorsqu’elle est dans le corps, ne perd rien de son
essence propre. Car en vertu de son être même, elle est en perpétuel mouvement. Elle se meut ellemême
par les activités de la pensée : elle n’est mue, ni dans quelque chose, ni par rapport à quelque
chose, ni pour quelque chose. Car avant que les forces n’entrent en activité, elle “est”, et ce qui
précède n’a pas besoin de ce qui vient.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :
” Dans quelque chose ” s’applique au lieu, au temps, au mouvement naturel de la croissance ; “
par rapport à quelque chose” a trait à l’harmonie, à l’aspect particulier, à la forme ; “pour quelque
chose” se rapporte au corps.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :
Car le lieu, le temps, le mouvement naturel de la croissance existent pour les besoins du corps.
Une parenté originelle unit entre elles ces notions. Car il est pour le moins vrai : Qu’un corps a
besoin d’un lieu (aucun corps ne peut s’édifier sans lieu, sans espace) ; qu’il est soumis à un
changement naturel (il n’est aucun changement possible hors du temps et sans mouvement naturel) ;
et enfin qu’aucun corps ne peut se former sans harmonie.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :
Espace, lieu existent donc pour les besoins du corps : car, puisque les changements du corps
s’effectuent dans l’espace, ce dernier prévient la destruction de l’être qui change. Par le
changement, le corps passe d’un état à l’autre. Il est alors privé de l’état d’être précédent, tout en
restant un corps composé. Lorsqu’il est changé en quelque chose d’autre, il en possède l’état d’être.
Ainsi le corps demeure un corps, mais l’état sans lequel il se trouve n’est pas durable. Le corps ne
fait donc que changer d’état.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :
Lieu, espace sont donc incorporels ; de même le temps et le mouvement naturel.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
Chacun d’eux a sa nature propre.
Le propre du lieu est le pouvoir de contenir en soi ;
Le propre du temps est d’annuler ou d’additionner ;
Le propre de la nature est le mouvement ;
Le propre de l’harmonie est la sympathie ;
Le propre du corps est le changement ;
Le propre de l’Âme est de pénètre son être véritable par la pensée.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
Ce qui est mû, l’est par la force motrice de l’Univers. Car la nature de l’Univers lui donne deux
mouvements : l’un en raison de sa propre puissance, l’autre par son pouvoir d’action. Le premier
pénètre le monde et en maintient la cohésion interne ; le second provoque son expansion tout en le
contenant extérieurement. Ces deux mouvements s’effectuent toujours ensemble en tout.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
La nature de l’univers fait venir toutes choses à l’existence et leur confère le pouvoir de croître ;
d’un coté en leur faisant semer leurs propres semences, de l’autre en leur procurant une matière en
mouvement. Ce mouvement échauffe la matière, qui devient feu et eau : le feu, plein de puissance et
de force ; l’eau, passive. Le feu, hostile à l’eau, en assèche une partie. Et c’est ainsi que se forma la
terre qui flotte sur l’eau. L’assèchement continu de l’eau autour de la terre, libéra la vapeur hors des
trois éléments : eau, terre et feu, et c’est ainsi qu’apparut l’air.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Ces éléments se combinèrent selon la loi d’Harmonie : le chaud avec le froid, le sec avec
l’humide. De cette rencontre de tous les éléments naquit un souffle de vie et une semence
correspondant au souffle de vie qui l’enveloppait. Quand ce dernier descend dans la matrice, il ne
reste pas inactif dans la semence. Il la transforme, ce qui la fait croître et prendre de l’extension. Au
cours de cette extension, tout se passe comme si la semence attirait à elle une forme extérieure et se
façonnait en conformité. Cette forme sert à son tour de véhicule à la forme intérieure. C’est ainsi
que chaque chose reçoit un aspect qui lui est propre.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :
Comme le souffle de vie n’avait pas reçu dans la matrice d’impulsion vitale, mais simplement
une impulsion de croissance naturelle, il fit naître aussi, de façon harmonieuse, une impulsion vitale
afin qu’y fût reçue la vie pensante indivisible et immuable, laquelle ne perd jamais son immuabilité.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :
C’est ainsi que, conformément aux nombres, ce qui est dans la matrice est conduit à naître, grâce
au processus de la naissance, et fait paraître à l’extérieur ce qui devait naître. Et l’âme la plus
proche s’y relie, non pas conformément à son propre caractère, mais selon les décrets du Destin.
Car, par nature, l’âme ne désire aucunement demeurer dans le corps.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :
C’est uniquement par obéissance au Destin que l’âme confère à l’être qui vient à naître le
mouvement de la pensée et la matière mentale de la vie intérieure : car l’âme pénètre le souffle de
vie et s’y agite en éveillant la vie.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :
L’âme est un être incorporel ; si elle avait un corps, elle ne pourrait pas se maintenir elle-même.
Tout corps a en effet besoin d’une existence : il a besoin de la vie qui a pour fondement l’Ordre.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :
Tout ce qui naît est aussi soumis au changement. Car tout ce qui naît a une certaine extension et
croît. Quand une chose naît, elle croît ; or toute croissance passe à nouveau par une décroissance,
une diminution ; puis vient la dissolution, la désagrégation.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :
Ce qui naît vit et, pour avoir part à la forme vitale, est relié à l’existence de l’âme. Mais la cause
de l’existence, pour d’autres raisons, existe déjà antérieurement.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :
J’entends par avoir une existence : être doté de raison et avoir part à la vie pensante : c’est l’âme
qui confère la vie pensante.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :
On qualifie ce qui naît d’être vivant à cause de la vie ; de raisonnable à cause du pouvoir de
penser ; de mortel à cause du corps. L’âme est donc sans corps car elle conserve sa force sans
défaillance. Mais comment parler d’être vivant s’il n’y a pas de principe conférant la vie ? On
pourrait encore moins parler d’être raisonnable sans l’existence d’une nature pensante conférant la
vie pensante.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :
Du fait que le corps est composé, la pensée ne parvient pas à l’harmonie chez tous les hommes.
Car si le corps composé connaît un excédent de chaleur, l’homme devient comme aérien, excité ;
s’il y a excédent de froid, il s’alourdit et s’engourdit. C’est la nature qui ordonne la composition du
corps au nom de l’harmonie.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :
Il y a trois sortes d’harmonie : selon la chaleur, selon le froid, et selon le tempéré. La nature
ordonne en accord avec l’astre qui domine dans la constellation des étoiles. Et l’âme dotée d’un
corps, par décret du Destin, l’accepte et confère la vie à cet ouvrage de la nature.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :
La nature fait donc aller l’harmonie du corps avec la position des astres ; elle combine les
éléments distincts conformément à l’harmonie des astres, afin qu’il y ait concordance entre tout. Car
tel est le but de l’harmonie des astres : tout accorder aux ordonnances du Destin.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :
L’âme est donc un être parfait en soi, qui s’est choisi, à l’origine, une vie conforme à la Destinée
et s’est attiré une forme constituée de force vitale et de désir bouillonnant.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :
La force vitale est au service de l’âme en tant que matériau. Quand cette force vitale a engendré
un état d’être conforme à l’image-pensée de l’âme, elle est pleine d’énergie et ne se laisse pas
dominer par l’apathie. Le désir aussi se présente comme un matériau. Lorsqu’il a généré un état
d’être en accord avec les idées de l’âme, il devient modéré et ne cède pas à la soif des jouissances.
Car le pouvoir raisonnable de l’âme comble l’insatisfaction du désir.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :
Donc, quand la force vitale et le désir collaborent, qu’ils ont formé un état d’être équilibré, et
qu’ils s’orientent sans cesse sur la raison de l’âme, ils créent une juste disposition intérieure ; car
l’état d’être parfaitement équilibré qu’ils créent, réfrène l’excédent de force vitale et comble par
ailleurs l’insatisfaction du désir.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :
Ce qui le guide alors, c’est le pouvoir du penser qui, s’appartenant à lui-même dans sa
circonspection, a pouvoir sur sa propre raison.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :
L’être de l’âme gouverne et dirige en souverain, en guide ; la raison qui l’habite dirige en
conseillère.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :
La circonspection de l’âme est donc cette connaissance des pensées qui confère à ce qui est
dépourvu de raison et de compréhension un soupçon de pouvoir raisonnable, infime et insignifiant
en comparaison de ce pouvoir, mais néanmoins raisonnable en regard du déraisonnable, comme
l’écho par rapport à la voix, ou la lueur de la lune par rapport au soleil.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 27 :
Une certaine réflexion raisonnable crée donc l’harmonie entre la force vitale et le désir, qui se
maintiennent l’un l’autre en équilibre et attirent à eux un courant de pensée raisonnable doté d’un
mouvement circulaire sans fin.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 28 :
Toute âme est immortelle et toujours en mouvement. Nous avons déjà dit, en effet, que les
mouvements procèdent soit des forces soit des corps.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 29 :
Nous disons de plus que l’âme émane d’une autre essence que la matière, car elle est
incorporelle, de même de ce dont elle provient : car tout ce qui vient à l’existence naît
obligatoirement de quelque chose d’autre.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 30 :
Tous les êtres qui naissent et sont par la suite soumis à la destruction, possèdent nécessairement
deux mouvements : à savoir le mouvement de l’âme qui les meut, et le mouvement du corps qui les
fait grandir et décroître puis se dissoudre par désagrégation. C’est ainsi que je décris le mouvement
des corps mortels.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 31 :
Or l’âme est toujours en mouvement ; elle existe elle-même par un mouvement continu et
transmet un mouvement aux autres choses. Vue ainsi, toute âme est immortelle puisque c’est
l’activité de sa nature propre qui la tient en mouvement.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 32 :
Il y a des âmes divines, des âmes humaines et des âmes dénuées de raison. L’âme divine est la
force active de son corps divin. Elle se meut dans ce corps et y engendre ainsi le mouvement.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 33 :
Lorsque l’âme se libère des êtres mortels, ainsi délivrée de ce qui ne répondait pas en elle à la
raison, elle entre dans le corps divin à l’intérieur duquel, dans un mouvement incessant, elle est
emportée par l’Univers.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 34 :
L’âme humaine a aussi quelque chose de divin, mais elle est de plus liée à des aspects
déraisonnables, le désir et la force vitale. Sans doute, ces aspects sont-ils immortels, pour autant que
ce soient des forces actives, mais se sont des forces du corps mortel et de ce fait très éloignées des
parties divines de l’âme qui demeurent dans le corps divin.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 35 :
L’âme des êtres dénués de raison consiste simplement en force vitale et en désir. On les dit
dénués de raison parce que privés de l’aspect raisonnable de l’âme.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 36 :
Pense enfin à l’âme des choses inanimées qui, bien qu’elle se trouve à l’extérieur des corps, les
entraîne dans son mouvement. Celle-ci pourrait se mouvoir soi-même exclusivement dans le corps
divin et mettrait ainsi ces choses en mouvement pour ainsi dire ” de seconde main”.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 37 :
L’âme est donc un être éternel, doté d’intelligence, ayant pour pensée sa propre raison et qui,
lorsqu’il est uni à un corps, attire à lui le mode de pensée de l’Harmonie. Cependant, une fois
libérée du corps physique, l’âme, autonome et libre, appartient au monde divin. L’âme gouverne sa
propre raison et confère à ce qui vient à la vie, un mouvement conforme à ses pensées, mouvement
que l’on nomme vie. Car c’est l’apanage de l’âme de transmettre à d’autres quelque chose de son
être propre.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 38 :
Il y a donc deux sortes de vie et deux sortes de mouvement. L’un est le mouvement de l’être de
l’âme, l’autre celui du corps de la nature : celui de l’âme est autonome, l’autre est imposé : tout ce
qui est mû, en effet, reste soumis à la contrainte de ce qui engendre le mouvement. Mais le
mouvement qui meut l’âme est indissolublement lié à l’Amour, lequel conduit à la réalité divine.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 39 :
L’âme est en effet incorporelle, puisqu’elle ne fait pas partie du corps physique. Car si l’âme avait
un corps, elle n’aurait ni raison, ni pensée ( car tout corps est sans pensée). En revanche un être
pensant doit son souffle de vie au fait qu’il a part à l’être de l’âme.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 40 :
Le souffle de vie, ou esprit, appartient au corps ; la raison à l’être de l’âme. La raison prend le
Beau comme sujet de contemplation ; l’esprit qui observe avec les sens perçoit les phénomènes. Cet
esprit se diffuse dans tous les organes de la perception, qui en constituent les différentes parties et
comprennent un esprit de la vue, un esprit de l’ouï, un esprit du goût et un esprit du toucher.
Lorsque cet esprit de vie, ce souffle de vie du corps, devient une sorte d’intelligence, il perçoit
sensoriellement. S’il ne le fait pas, il se représente simplement les choses.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 41 :
Car il appartient au corps et est réceptif à tout. La raison, en revanche, appartient à l’essence la
plus intime de l’âme, et juge avec compréhension et entendement. La raison possède en propre la
connaissance des choses divines ; l’esprit de vie se fait des représentations (donc des images
apparentes). L’esprit de vie puise sa force vitale du monde environnant ; l’âme puise la sienne en
elle-même.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 42 :
Il y a donc l’être de l’âme, la raison, les pensées et l’entendement ( ou pouvoir de
compréhension). Le pouvoir de représentation et la perception sensorielle contribuent à
l’entendement (pouvoir de compréhension). La raison, qui est l’apanage de l’âme, crée les pensées,
lesquelles se fondent dans l’entendement (pouvoir de compréhension). Ces quatre, qui
s’interpénètrent, constituent une seule forme, la forme de l’âme.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 43 :
À l’entendement (ou pouvoir de compréhension) de l’âme contribuent le pouvoir de
représentation et la perception sensorielle. Ceux-ci cependant, ne sont pas constants et fonctionnent
soit trop, soit trop peu, ou bien divergent l’un l’autre. Ils s’affaiblissent dans la mesure où ils
s’écartent de l’entendement (pouvoir de compréhension). Mais lorsqu’ils le suivent et lui obéissent,
ils s’accordent, par l’intermédiaire des sciences, à la raison supérieure.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 44 :
Nous sommes en état de choisir : il est en notre pouvoir de choisir le meilleur, et aussi ce qui est
mauvais, et cela malgré nous. Car le choix qui s’attache au mal participe de la nature du corps.
C’est pourquoi le Destin domine celui qui fait un tel choix. Comme la raison supérieure, l’être
pensant en nous, est autonome et demeure toujours identique à elle-même, le Destin n’a pas prise
sur elle.
Livre XVI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 45 :
Toutefois, lorsque l’être pensant se détourne du Logos, dont la pensée pénètre tout et qui est le
Premier après le Premier Dieu, il dépend alors du plan entier que la nature a établi pour le créé.
Lorsque l’âme se relie donc au créé, elle dépend aussi du Destin, bien qu’elle ne participe pas de la
nature des choses créées.
D’Hermès à Tat : de la vérité
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :
Hermès : Il n’est pas possible qu’un homme, créature imparfaite, composé de membres
imparfaits et dont l’enveloppe est formée de nombreux éléments hétérogènes, puisse se hasarder à
parler de la Vérité. Mais ce qui est possible et juste de dire , et que je dis, c’est que la Vérité réside
seulement dans les corps éternels, dont tous les éléments sont vrais ; le feu qui, une fois pour toutes,
est Feu et rien d’autre ; la terre qui, une fois pour toutes, est Terre et rien d’autre ; l’air qui, une fois
pour toutes, est Air et rien d’autre ; l’eau qui, une fois pour toutes, est Eau et rien d’autre.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :
Par ailleurs, nos corps sont composés de tous ces éléments : ils renferment du feu, de la terre, de
l’eau et de l’air, mais ils ne sont ni feu, ni terre, ni eau, ni air, ni quoi que ce soit de vrai.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :
Si donc, dès l’origine, notre constitution corporelle n’a pas reçu en elle la Vérité, comment donc
pourrait-elle voir exprimer la Vérité ? Et elle ne la comprendra que si Dieu le veut.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :
Toutes les choses qui appartiennent à la terre, ô Tat, ne sont donc pas la Vérité, mais des imitation
de la Vérité ; et même pas toutes, seulement un très petit nombre. Le reste est mensonge. Quand
l’apparence reçoit l’effusion d’En Haut, elle est une imitation de la Vérité ; sans la force d’En Haut,
elle reste mensonge, une non-vérité ? Il en est de même d’un tableau qui représente un corps : ce
n’est pas le corps correspondant à la forme du sujet vu. On y voit des yeux, mais ils n’ont pas de
regard ; des oreilles mais elles n’entendent rien. Tous les éléments que montre la peinture ne sont
que des apparences destinées à tromper la Perception de l’observateur, qui croit voir la Vérité, alors
que cette vérité n’est que mensonge.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :
Quand on voit quelque chose qui n’est pas un mensonge, on voit la Vérité ? Si donc nous voyons
ou comprenons ces choses, telles qu’elles sont en réalité, nous voyons et comprenons des choses
vraies ; si elles sont autres qu’elles ne sont, nous ne saisissons et ne savons rien de vrai.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
Tat : La vérité est-elle donc aussi sur terre, Père !
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
Hermès : Tu fais erreur, mon fils, incontestablement, il n’y a aucune Vérité sur terre, et celle-ci ne
peut pas s’y manifester. Toutefois il est possible que quelques hommes, auxquels Dieu donne la
puissance de La voir, contemplent la Vérité.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
Tat : N’y-a-t’il donc rien de vrai sur terre ?
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Hermès : Je pense et je dis : “Tout n’y est qu’apparence et illusion !” Voilà les choses vraies que
je pense et dis.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :
Tat : Ne doit-on pas alors appeler Vérité le fait de penser et dire des choses vraies ?
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :
Hermès : Comment est-ce possible ? Il faut penser et dire ce qui est : ” Rien n’est vrai sur la
terre”. Ce qui est vrai, c’est qu’ici bas rien n’est vrai. Comment pourrait-il en être autrement, mon
fils ? La Vérité est la Magnificence parfaite, le Bien absolu, ni souillé par la matière, ni revêtu d’un
corps. La Vérité est le Bien, nu, rayonnant, inviolable, sublime, immuable.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :
Mais vois, mon fils, combien les choses d’ici-bas sont impuissantes à recevoir ce Bien, car elles
sont toutes périssables, sujettes à la souffrance, dissolubles, mouvantes, toujours changeantes et
passant d’une forme à l’autre. Comment ces choses qui en elles mêmes ne sont pas vraies
pourraient-elles être la Vérité ? Tout ce qui change est mensonge, parce que ne demeurant pas dans
son essence, passant d’une forme à l’autre et nous présentant toujours de nouvelles apparences.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :
Tat : L’Homme lui-même n’est-il pas vrai, Père ?
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :
Hermès : Pas en tant qu’homme, mon fils. Car, est vrai ce qui ne consiste qu’en soi-même et
demeure soi-même tel qu’il est ; l’homme cependant est composé d’éléments multiples et ne
demeure pas ce qu’il est. Au contraire, il change et se transforme d’un âge à l’autre et d’une forme à
l’autre, aussi longtemps qu’il est dans son enveloppe. En très peu de temps, beaucoup de parents ne
reconnaissent plus leurs enfants, ni les enfants, leurs parents.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :
Est-ce qu’un être qui change à tel point qu’il n’est plus reconnaissable peut être vrai, Tat ? N’estil
pas plutôt non-vrai puisque, au cours de ses changements, il passe par tant d’apparences
différentes ? Comprends que seul est vrai ce qui est permanent et éternel. L’homme n’est pas
éternel. Donc il n’est pas vrai non plus. L’homme est une forme apparente et, comme telles, tout à
fait non-vrai.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :
Tat : Mais, Père, les corps éternels qui changent ne sont-ils pas vrais non plus ?
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :
Hermès : Rien de ce qui est engendré est soumis au changement n’est vrai. Mais puisque ces
corps ont été créés par le Premier Père, il est possible que la matière dont ils sont composés soit
vraie. Ces corps n’ont pas de Vérité du fait de leurs changements : car il n’y a de vrai que ce qui
reste identique à soi-même.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :
Tat : Mais Père, que peut-on alors qualifier de vrai ?
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :
Hermès : Seul le Soleil (vulcain), peut être dit vrai ! Car tandis que tout le reste change, le Soleil
ne change pas est reste identique à lui-même. Aussi Lui seul est-il chargé de donner forme à tout
dans le monde, de régner sur tout et de tout générer : c’est Lui que je révère, la Vérité de Son Être
que j’honore ; après l’Unique et Premier, je Le reconnais comme le Démiurge, le Constructeur du
monde.
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :
Tat : Et qui est la Vérité Première, Père ?
Livre XVII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :
Hermès : Le Seul et Unique, ô Tat, Celui qui n’est pas constitué de matière, Qui n’est pas dans un
corps, Qui n’a ni couleur ni forme, Qui ne change pas, Qui n’est pas changé, Qui est toujours. Par
contre, tout ce qui est non-vrai est périssable. La providence de la Vérité maintient la décomposition
de tout ce qui est sur la terre, elle l’y renferme et le fera éternellement. Car sans décomposition, pas
de génération. À chaque génération succède la décomposition, afin que de nouvelles créatures
viennent à naître. Tout ce qui naît doit nécessairement naître de ce qui se décompose ; et ce qui naît
doit nécessairement se décomposer afin que la génération des êtres ne connaisse aucun arrêt.
Reconnais cela comme la Cause première et active de la génération des êtres.
C’est la raison pour laquelle ceux qui naissent de la décomposition ne peuvent être que non-vrai,
car ils naissent une fois d’une sorte, et une fois d’une autre. Il est en effet impossible qu’ils
renaissent exactement les mêmes. Comment donc ce qui ne renaît pas identique pourrait-il être
vrai ?
On doit donc le qualifier d’apparence pour le désigner de la juste manière : l’homme, une
apparence d’homme, l’enfant, une apparence d’enfant, le jeune homme, une apparence de jeune
homme, l’adulte, une apparence d’adulte, le vieillard, une apparence de vieillard ; car l’homme
n’est pas un homme vrai, l’enfant, un enfant vrai, l’adulte, un adulte vrai, le vieillard, un vieillard
vrai. Dès que les choses changent, en effet, elles mentent, aussi bien les choses passées que
présentes.
Pourtant, mon fils, comprend bien cela : même les phénomènes non-vrais d’ici-bas dépendent
d’en haut, de la Vérité même. Et puisqu’il en est ainsi, je déclare que l’apparence est l’ouvrage de la
Vérité.