Salle du Corpus Hermeticum d’Hermès Trismégiste 4


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :


Hermès : Hier, Asclépios, j’ai apporté la parole de la maturité. Et à ce propos je juge maintenant
nécessaire de parler en détail de la perception sensorielle. On pense qu’il existe une différence entre
la perception sensorielle et l’activité intellectuelle, que l’une serait matérielle et l’autre, spirituelle.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :

Mais je suis d’avis que les deux sont étroitement liées et nullement distinctes, tout au moins chez
l’homme : car si, chez l’animal, la perception sensorielle est liée à la nature, chez l’homme,
l’intellect l’est également.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :

Entre le pouvoir de penser et l’intellect, il y a le même rapport qu’entre Dieu et la nature divine.
Car la nature divine est créée par Dieu et l’activité de l’intellect l’est par le pouvoir de penser
associé à la Parole.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :

Ou plutôt : l’activité de l’intellect et la Parole sont l’instrument l’un de l’autre : car la Parole ne
s’énonce pas sans activité de l’intellect et l’activité de l’intellect ne se manifeste pas sans la Parole.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :


La perception sensorielle et l’activité de l’intellect pénètrent donc simultanément dans l’homme,
comme enlacées l’une à l’autre. Car il n’y a pas d’activité de l’intellect sans perceptions
sensorielles, ni de perception sensorielle sans activité de l’intellect.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :

Cependant on peut concevoir l’activité de l’intellect sans perception sensorielle directe, comme
les représentations qui ont lieu en rêve.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :

Je suis d’avis que ces deux activités, quand elles sont excitées, s’éveillent à l’apparition des
images du rêve.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :

Car le corps astral et le corps matériel interrogent la perception. Et lorsque ces deux parties de la
perception s’associent, la pensée, évoquée par l’intellect, s’exprime par la conscience.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :


L’intellect enfante toutes les images de la pensée : les bonnes quand il reçoit les semences de
Dieu, les impies quand elles proviennent de l’un des démons. Car il n’y a nul lieu au monde où les
démons ne soient, j’entends les démons privés de la lumière de Dieu ? Ils s’insinuent en l’homme et
y sèment les germes de leur propre activité ; l’intellect est fécondé par cette semence et engendre :
impudicité, crime, irrespect filial, sacrilège, impiété, suicide par pendaison ou en se jetant du haut
des rochers et une foule d’autres choses, qui sont l’ouvre des démons.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :


Quant aux semences de Dieu, elles sont moins nombreuses mais grandes, belles et bonnes ! Ce
sont la vertu la Tempérance et la Béatitude en Dieu. La Béatitude en Dieu, c’est la Gnose, la
Connaissance qui est de Dieu et en Dieu. Qui possède cette connaissance est rempli de tout le Bien
et reçoit de Dieu ses pensées, très différentes de celles de la foule.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :

De là vient que ceux qui marchent dans la Gnose ne plaisent pas à la foule et que la foule ne leur
plaît pas. Ils sont considérés comme insensés, objet de moquerie et de raillerie, haïs et méprisés,
parfois même mis à mort. Car, je l’ai dit, c’est ici-bas que le mal doit habiter parce que c’est ici-bas
qu’il est né. Aussi la terre est-elle son domaine et non le Monde, comme le prétendent certains
blasphémateurs.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :

Mais celui qui se tient devant Dieu dans le respect et l’amour, supportera tout parce qu’il a part à
la Gnose. Tout lui devient bon, même ce qui est mauvais pour autrui. Et si on lui dresse des
embûches, il donne tout en offrande à la Gnose et fait, à lui seul, tourner le mal en Bien.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :

Je reviens maintenant à mon discours sur la perception. Le propre de l’homme est donc
l’association entre perception et intellect. Mais, je l’ai déjà dit, tout homme ne fait pas forcément
fructifier son intellect ; en effet, il y a l’homme matériel et il y a l’homme véritable, spirituel.
L’homme matériel lié au mal, reçoit des démons, ai-je dit, le germe de ses pensées. L’homme
spirituel, lié au Bien, est sauvé par Dieu dans son salut.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :

Dieu, le Démiurge de l’Univers, façonne toutes Ses créatures à Sa ressemblance. Mais celles-ci,
bonnes selon leur principe, mésusent de leur force active. De là le tribut que doit payer la terre qui,
broyant tout, produit des espèces aux caractères divers, souillant les unes par le mal, purifiant les
autres par le Bien. Car, Asclépios, le Monde possède lui aussi un pouvoir de perception et un
pouvoir de penser, non pas à la manière des hommes, ni aussi diversifiés, mais supérieurs, plus
simples et plus vrais.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :

Car la perception et le pouvoir de penser du Monde, outil créé à cette fin par la volonté de Dieu,
donnent forme à toutes choses et les font disparaître ensuite eux-mêmes afin que, gardant en Eux
toutes les semences reçues de Dieu, ils créent toutes choses conformément à leur tâche et vocation
propres, et, les dissolvant à nouveau, les renouvellent toutes ; c’est pourquoi, en habiles Jardiniers
de la Vie, Ils les renouvellent après les avoir dissoutes en les faisant se manifester différemment.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :


Il n’est rien qui, du monde, n’ait reçu la vie. en même temps que le Monde fait tout venir à
l’existence, Il emplit tout de vie. Il est à la fois le lieu et le créateur de la vie.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :


Les corps sont constitués de matières de nature diverse : Partie de terre, partie d’eau, partie d’air,
partie de feu. Tous sont des corps plus ou moins composés ; les plus complexes sont les plus lourds,
les plus simples les plus légers.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :


La vitesse de manifestation des formes produit ici-bas la variété bigarrée de ces espèces ; car le
souffle continuellement actif du monde transmet sans cesse aux corps de nouvelles propriétés ainsi
que la plénitude de la vie.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :


C’est ainsi que Dieu est le Père du Monde, et le créateur de tout ce qu’il contient ; le monde est le
fils de Dieu, et tout ce qui est dans le Monde est formé par le Monde.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :


Aussi le Monde est-il à juste titre appelé “Cosmos”, c’est-à-dire : ordre, parure, ornement ; en
effet il ordonne l’Univers et l’orne grâce à la diversité du créé, à la continuité de la vie, à l’ardeur
infatigable de la force de manifestation, à la diligence du Destin, à la combinaison des éléments et à
l’ordonnance de tout ce qui vient à l’existence. Le Monde est donc appelé “Cosmos” tant en raison
de ses lois fondamentales que de sont ordonnancement.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :


Ainsi, chez tous les êtres vivants, la perception et l’activité de l’intellect pénètrent en eux de
l’extérieur, comme sur le souffle qui les entoure. Mais le Monde les a reçus de Dieu une fois pour
toutes à Sa naissance.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :


Dieu n’est pas, comme certains le pensent, dépourvu de perception et d’intellect. Ceux qui le
disent lui font injure par un faux respect. Car toutes les créatures, Asclépios, sont en Dieu ! Elles
sont formées par Dieu et dépendent de Lui : qu’elles se manifestent comme corps matériels, qu’elles
s’élèvent comme être-âmes, qu’elles soient vivifiées par l’Esprit ou admises dans le domaine des
morts, toutes sont en Dieu.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :


Ou plutôt : Dieu ne contient pas en Lui toutes les créatures, Il est Lui-même toutes les créatures !
Il ne Se les adjoint pas de l’extérieur, mais c’est de son Être propre qu’il les procrée et Lui-même
qu’il les fait se manifester.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :


Et la perception et le pouvoir de penser de Dieu c’est le mouvement perpétuel de l’Univers ; et
jamais il n’arrivera que la moindre chose existante, c’est-à-dire que la plus infime partie de Dieu, ne
se perde. Car Dieu contient tout en Lui ; Rien n’est en dehors de Lui, et Il est en tout.


Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :


Si tu peux concevoir ces choses, Asclépios, tu les reconnaîtras comme vraies ; si tu ne les
comprends pas, elles te paraîtront peu dignes de foi. Car comprendre vraiment, c’est posséder la Foi
Vivante, tandis que manquer de Foi, c’est manquer de pénétration intérieure. Ce n’est donc pas
l’intellect qui atteint la Vérité, mais c’est l’Âme reliée à l’Esprit qui a le pouvoir, une fois guidée
dans cette voie par l’intellect, d’avancer en hâte vers la Vérité ; et quand, dans une vision
universelle, Elle médite sur l’Univers entier et découvre combien tout est conforme à ce que
l’intellect éclairé par la pénétration intérieure lui suggérait, sa Foi s’élève jusqu’à la Connaissance,
et dans ce sublime savoir de la foi, Elle trouve son repos.

Livre XI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :


À ceux qui saisissent intérieurement les paroles que j’énonce ici, et qui sont de Dieu, elles seront
objets de foi ; mais à ceux qui manquent de compréhension vivante, elles seront objets
d’incrédulité.

Voilà ce que j’avais à dire sur l’intellect et les sens.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :


Hermès : Hier je t’ai exposé mes réflexions, Asclépios, et il est juste que je consacre celles
d’aujourd’hui à Tat car elles sont la synthèse des explications plus générales que je lui avais
données.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :


Dieu, le Père et le Bien ont la même nature ou plutôt la même force active.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :


Car le mot “nature” englobe tout ce qui naît à l’existence et croît selon la volonté de Dieu, aussi
bien les choses mobiles et changeantes que les choses immobiles et immuables ; les choses divines
que les choses humaines.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :


La force active des choses divines et des choses humaines est cependant différente comme nous
l’avons démontré ailleurs ; ne perds jamais cela de vue.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :

Car Sa Volonté est la Force active divine et son Principe est le Désir de donner l’existence à
toutes choses. En effet, qui est Dieu, le père, le Bien, sinon la raison d’être de toutes choses, même
de celles qui n’existent pas encore ? En vérité : la raison d’être de l’univers. Tel est dieu, le père, le
Bien, et aucun autre nom ne peut lui être donné. Car si le Monde et le Soleil sont les communs
procréateurs des êtres vivants, ils ne le sont cependant pas dans la même mesure que Dieu, Cause
du Bien et de la vie. Et pour autant qu’ils sont la cause pleine et entière, ils le sont exclusivement
par l’inéluctable action de la volonté du Bien, sans laquelle rien ne peut exister ou venir à
l’existence.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :

Le Père est la Cause de ses enfants, de leur naissance, de leur croissance et de leur
développement, et ceux-ci reçoivent du Soleil le désir du Bien. Car le Bien est l’artisan de l’univers.
On ne peut dire ceci de personne d’autre que de lui, qui ne reçoit jamais rien, mais désire que tout
existe.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :

Je ne dis pas, O Tat, “qui fait toute chose”. Car celui qui fait quelque chose varie parfois par
instabilité quant à la qualité et à la quantité, ou tantôt fait une chose et tantôt une autre tout à fait
différente. Cependant, Dieu, le père, le Bien, est lui-même l’existence de l’univers.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :

Pour qui est capable de voir, il en est donc ainsi :

Dieu veut l’existence et Il est l’existence.


Et tout ce qui est, Tat, n’existe que pour une seule raison : que le Bien se fasse connaître
conformément à la nature de son principe.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :

Tat : O Père, tu nous as si totalement comblés de cette belle et merveilleuse vision que l’oeil de
mon coeur tourné vers elle approche la sanctification.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :

Hermès : Assurément, car une telle vision intérieure du bien n’est pas comme le rayonnement
fulgurant du soleil, dont la lumière aveugle et contraint de fermer les yeux. La méditation intérieure
illumine, et d’autant plus qu’on devient davantage réceptif au courant des rayons offrant la
compréhension. Elle agit avec une grande force au plus profond de nous et ne nous portera jamais
tort, tout emplie qu’elle est de divin.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :

Ceux qui peuvent puiser à une telle vision intérieure s’absorbent souvent dans de merveilleuse
contemplation, le corps totalement immobile, tels nos ancêtres Ouranos et Kronos.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :

Tat : Puisse-t-il en être de même pour nous, Père !


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :


Hermès : Que Dieu te l’accorde, mon fils. Quant à nous, nous ne sommes pas encore parvenus à
cette contemplation. Nous ne sommes pas encore capables d’ouvrir les yeux de notre Noùs et
d’entrer dans la contemplation de l’immuable et inimaginable beauté du Bien. Tu ne la verras pas
avant d’avoir désappris à parler d’elle : car la Gnose du bien est silence divin comme apaisement de
tous les sens.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :


Qui l’a trouvée une fois ne peut plus s’intéresser à autre chose. Qui l’a une fois contemplée n’a
plus d’yeux pour rien d’autre, n’a plus d’oreilles pour rien d’autre ; car son corps même partage
l’immuabilité. En effet, toutes perceptions et incitations du corps ayant disparu, il demeure en repos.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :


Lorsque la Gnose illumine toute la conscience, Elle enflamme de nouveau l’Âme entière et
l’élève en la détachant du corps. Ainsi transforme-t-elle l’homme entier en lui transmettant sa nature
fondamentale. C’est que la divinisation de l’âme qui accompagne la vision de la beauté du Bien, ne
peut s’accomplir dans le corps mortel.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :


Tat : Qu’entends-tu par divinisation, Père ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :


Hermès : Chaque âme isolée subit des changements, mon fils.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :


Tat : Et que signifie “isolée” ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :


Hermès : N’as-tu pas appris par mes explications générales que toutes âmes qui tournoient
partout dans le monde, comme si chacune avait été semée à une place assignée, se sont détachées de
l’Âme universelle ? Ces âmes subissent de nombreuses transformations, tantôt dans une élévation
pleine de grâce, tantôt en sens contraire.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :

Celles qui rampent se changent en habitants des eaux, les habitants des eaux en habitants de la
terre, les habitants de la terre en habitants de l’air et les habitants de l’air en hommes. Enfin les
hommes entrent dans l’immortalité en se changeant en Démons et en s’élevant dans le choeur des
Dieux.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :


Il y a deux choeurs des dieux ; le choeur des dieux mobiles ou changeants, et le choeur des dieux
immobiles ou immuables.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :


Ce dernier état est la plus parfaite et la plus haute gloire de l’âme.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :


Si l’âme qui est entrée dans un corps humain demeure dans le péché, elle ne goûte pas
l’immortalité et n’a aucune part au Bien, mais elle revient précipitamment en arrière sur le chemin
du retour à l’état de bête rampante. Tel est le châtiment de l’âme qui pêche.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :


Le mal de l’âme est son ignorance. Son manque de Gnose, la Connaissance qui vient de Dieu.
Car lorsque l’âme ignore les choses essentielles et leur nature ainsi que le Bien, et qu’en
conséquence elle est complètement aveugle, elle est prise au piège et violemment saisie par les
passions charnelles.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :


Donc l’âme sous l’emprise du mal est, par manque de connaissance de son propre principe,
soumise à un corps étranger indigne de l’homme. Elle peine sous le fardeau du corps, qu’elle ne
domine pas mais qui la domine. Tel est le mal de l’âme.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :

La vertu de l’âme, au contraire, est la Gnose, la vivante connaissance de Dieu. Car celui qui
possède cette connaissance est bon ; il est consacré à Dieu et déjà divin.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 27 :

Tat : Quel homme est-ce donc, Père ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 28 :


Hermès : c’est un homme qui parle peu et qui écoute peu.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 29 :


En effet, celui qui passe son temps à tenir ou écouter des discussions combat contre les ombres.
Car Dieu, le Père, le Bien, ne se laisse pas exprimer par la parole ni comprendre par l’oreille.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 30 :

Tous les êtres, il est vrai, ont des sens, faute de quoi ils ne pourraient exister, mais la
Connaissance vivante de Dieu est nettement distincte de la perception sensorielle ?
C’est que la perception sensorielle naît d’influences et d’impressions ayant prise sur nous.
Or la Gnose est la plénitude de la connaissance, la Connaissance qui est un don de Dieu.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 31 :

Car toute Gnose est immatérielle. Le véhicule dont elle se sert est le Noùs qui, à son tour, a pour
véhicule le corps. Ainsi deux activités ont lieu dans le corps : celle qui opère au moyen du Noùs, et
celle qui opère au moyen de la matière. Car tout doit naître de l’opposition et de la contradiction. Il
ne peut pas en être autrement.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 32 :

Tat : Qui est donc le Dieu matériel ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 33 :


Hermès : le Monde, lequel est beau et plein d’efficacité mais n’est pas bon. Car il est matériel et
très sujet à la souffrance. Il est le premier de tout ce qui est soumis à la souffrance, et second de tous
les êtres, mais il n’existe pas par lui-même. Sa genèse a un commencement, mais il est éternel parce
que, de part sa nature, c’est un éternel devenir. Et le mobile de cet éternel devenir est la création des
qualités et quantités, car tout mouvement de la matière est naissance, devenir.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 34 :


L’Immuabilité divine fait naître le mouvement de la matière de la façon suivante : Le Monde est
sphérique, comparable à une tête. I n’y a rien de matériel au-dessus de cette tête, ni rien de spirituel
en dessous de ses pieds : tout est matière. Or l’Esprit aussi est sphérique, comme une tête qui est
mue à la façon d’une sphère. Dans la tête, tout ce qui touche l’enveloppe à l’intérieur de laquelle se
trouve l’âme est immortel, parce que le corps a été pour ainsi dire formé à l’intérieur de l’âme et
que l’âme est supérieure au corps. Cependant, tout ce qui est éloigné de cette enveloppe est mortel
parce que tenant plus du corps que de l’âme. Ainsi donc, tout ce qui vit, même l’univers, est
composé de matière et d’esprit.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 35 :

Le monde est la première créature : Après le monde, l’homme est le deuxième être vivant, mais le
premier parmi les mortels. Il a en commun avec les autres êtres vivants l’élément animateur. Non
seulement il n’est plus bon, mais il est même dans le mal en raison de son état mortel.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 36 :


Le Monde n’est pas bon parce qu’il est mobile, mais il n’est pas dans le mal parce qu’il est
immortel.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 37 :


L’homme est donc doublement dans le mal : parce qu’il est mobile et parce qu’il est mortel.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 38 :

L’âme de l’homme se manifeste de la façon suivante : la conscience dans l’intellect, l’intellect
dans la force de désir, la force de désir dans le fluide vital ; le fluide vital se répand par les artères,
les veines et le sang, il anime la créature animale et la porte pour ainsi dire.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 39 :

C’est pourquoi certains, pensent que l’âme est le sang. Ils méconnaissent ainsi la nature de l’âme
et du sang. Ils ignorent que le fluide vital se retire d’abord dans le corps du désir, qu’ensuite le sang
se coagule et que, lorsque les artères et les veines se sont vidées, c’est alors que meurt la créature.
Ainsi à lieu la mort du corps.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 40 :


Tout repose sur ce principe, lui-même encore issu du Seul et unique.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 41 :


Ce principe est mis en mouvement afin d’être à son tour le moteur de l’Univers. L’Unique,
cependant, est immobile et immuable.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 42 :

Ainsi, il y a donc ces trois :
Dieu, le Père, le Bien,
le Monde,
et l’homme.
Dieu contient le Monde,
le Monde contient l’homme.
Le Monde est fils de Dieu,
l’homme est le fils du monde, petit-fils de Dieu pourrait-on dire.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 43 :

Dieu n’ignore pas l’homme ; Il le connaît au contraire parfaitement et veut être connu de lui.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 44 :

Une seule chose libère, sauve et guérit l’homme : la Gnose, la connaissance de Dieu. C’est Elle le
chemin de l’ascension de l’Olympe. C’est par Elle seulement que l’âme devient vraiment bonne ;
non pas tantôt bonne, tantôt mauvaise, mais Bonne par nécessité intérieure.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 45 :


Tat : Que veux-tu dire par là, O Trismégiste ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 46 :

Hermès : Pense donc à l’âme d’un enfant, mon fils. Quand la séparation entre elle et le Soi n’est
pas encore complète, que le corps est encore petit et n’a pas atteint sa pleine croissance, qu’elle est
alors belle à voir ! Elle n’est pas encore souillée par les passions du corps et, dans une grande
mesure, elle est encore unie à l’Âme du Monde.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 47 :


Cependant lorsque le corps atteint sa pleine croissance et que l’âme est attirée vers le bas par le
fardeau du corps, elle se sépare du Soi et tombe dans l’oubli. Elle ne participe plus alors au Beau et
au Bien. Et l’oubli engendre le mal.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 48 :

La même chose arrive à ceux qui quittent le corps terrestre. Lorsque l’âme rentre en elle-même,
le souffle vital se retire dans le sang et le moi dans le souffle vital. Mais lorsque l’Ame-Esprit s’est
purifiée de ses voiles et, divine de nature, a pris un corps de feu, elle parcourt l’espace entier et
abandonne la matière au jugement.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 49 :

Que veux-tu dire, père ?


Tu as dit que le Noùs était séparé de l’âme et l’âme du souffle vital, et tu as dit aussi que l’âme
était le vêtement du Noùs, et le souffle vital le vêtement de l’âme ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 50 :

Hermès : Celui qui écoute, mon fils, doit être en union de conscience avec celui qui parle et le
suivre dans ses pensées. Son oreille doit même être plus fine et plus rapide que la voix de celui qui
parle.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 51 :


Tous ces voiles, mon fils, se constituent dans le corps terrestre. Car il est impossible au Noùs, de
par son essence, d’habiter nu un corps terrestre : c’est que le corps terrestre ne peut porter une aussi
grande divinité et qu’une Force de cette splendeur et de cette pureté ne peut supporter d’être liée par
un attouchement direct à un corps soumis aux passions.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 52 :


C’est pourquoi l’Esprit s’enveloppe dans les voiles de l’Âme ; l’âme qui, à certains égards, est
aussi divine, se fait la servante du souffle vital tandis qu’enfin le souffle vital gouverne la créature.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 53 :


Lorsque l’Ame-Esprit s’est détachée du corps terrestre, elle s’enveloppe immédiatement du
vêtement qui lui est propre, la robe de Feu, impossible à porter tant qu’elle habitait le corps
terrestre. Car la terre ne supporte pas le Feu ; une seule étincelle suffirait à la mettre tout entière en
flammes. De là vient que la terre est entièrement entourée d’eau comme d’une sphère, pour la
protéger, comme un rempart, contre les flammes du Feu.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 54 :

L’Esprit, la plus rapide de toutes les créations de la pensée divine, a aussi pour corps le plus
rapide de tous les éléments : le feu. Car l’esprit, Créateur de toutes choses, utilise le feu comme
véhicule pour l’ouvre de la création.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 55 :

La Pensée universelle crée donc l’Univers. La pensée de l’homme crée seulement ce qui est
terrestre. Car si le pouvoir de penser de l’homme n’est pas revêtu de feu, il est incapable de donner
l’existence à des choses divines et ses véhicules le retiennent dans les limites de l’humain.


Livre XII, d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 56 :

L’âme humaine ( non pas n’importe laquelle, mais l’âme vraiment consacrée à Dieu) est dans un
certain sens un bon démon, elle est divine. Lorsqu’une telle âme se sépare du corps après avoir suivi
le chemin de la véritable piété. ( Chemin qui conduit à la naissance du Divin et à l’abstention de
tout préjudice et injustice envers le prochain ) elle devient une Ame-esprit parfaite.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 57 :


L’âme impie, au contraire, ne change pas de nature, se réprimande et se punit elle-même, et
cherche un nouveau corps terrestre qu’elle puisse habiter ; mais uniquement un corps humain, car
aucun autre corps ne saurait abriter une âme humaine. Par décret divin, aucune âme humaine ne doit
s’abaisser jusqu’à habiter le corps d’un animal sans raison. Voici en vérité une loi de Dieu qui
protège l’âme humaine d’une grande honte.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 58 :

Mais comment l’âme humaine est-elle châtiée, Père ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 59 :


Hermès : y a-t-il, mon fils un châtiment plus grand que l’impiété pour l’âme humaine ? Quel feu
plus dévorant que la flamme de l’impiété ? Quelle bête sauvage tue le corps comme l’impiété mutile
l’âme ? Ne vois-tu pas quelle souffrance doit endurer l’âme impie lorsque, implorant de l’aide, elle
s’écrie : ” je brûle, les flammes me dévorent ! Je ne sais ce que je dois dire ou faire ! Moi,
misérable, consumée par les vices qui me gouvernent, je ne vois plus rien, je n’entends plus rien !”


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 60 :

Ne sont-ce pas là les cris d’une âme qui subit le châtiment ? Toi, mon fils, tu ne crois tout de
même pas, comme la masse, que l’âme après avoir quitté le corps adopte la forme d’un animal ?
C’est là une profonde erreur.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 61 :

L’âme est châtiée de la façon suivante : Quand l’esprit devient démon, il est obligé de prendre un
corps de feu pour le service de Dieu ; et quand ce démon entre dans une âme profondément impie, il
la flagelle avec le fouet des péchés. Sous cette flagellation, l’âme impie se précipite dans tous les
vices humains, tels que meurtres, bassesses, blasphèmes, et violences de toutes sortes

.
Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 62 :


Cependant, quand l’esprit pénètre dans une âme pleine de piété, il la conduit vers la lumière de la
Gnose ; une telle âme n’est jamais lasse de chanter les louanges de Dieu et, en imitation du Père, de
faire du bien à tous les hommes par l’acte et la parole de diverses manières.

Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 63 :


C’est pourquoi, mon fils, dans tes actions de grâce à Dieu, tu dois prier de recevoir un noble
esprit. L’âme s’élève alors vers un bien supérieur et sa chute devient impossible.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 64 :

Il existe une communauté des âmes : Les âmes des Dieux sont en liaison avec celles des hommes,
les âmes des hommes commercent avec celles des êtres sans raison. Les êtres supérieurs sont placés
au-dessus des êtres inférieurs, Les dieux au-dessus des hommes, les hommes au-dessus des entités
dépourvues de raison. Et Dieu prend soins de tous. Car Il se tient au-dessus de tous ; tous Lui sont
inférieurs.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 65 :


Ainsi donc, le Monde est soumis à Dieu, l’homme au Monde, et les entités dépourvues de raison
à l’homme : et Dieu est au-dessus de tout et de tous et englobe tout dans Sa Sollicitude.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 66 :

Les forces divines se manifestant activement sont les rayons de Son Soleil. Les forces de la
nature sont les activités rayonnantes du monde. L’habilité manuelle et le désir de connaissance sont
les activités rayonnantes de l’homme.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 67 :

Les forces de rayonnement divines se manifestent par le Monde et agissent sur l’homme au
moyen des rayonnements naturels du monde ; les forces de la nature se manifestent au moyen des
éléments ; les hommes au moyen de leur habilité manuelle et de leur désir de connaissance.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 68 :

L’Univers est gouverné de la même façon, conformément à l’essence de l’Unique, dont l’Esprit
pénètre tout.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 69 :

Il n’est rien de plus sublime et de plus actif que son Esprit, rien qui stimule davantage l’union des
hommes avec les dieux, et des dieux avec les hommes. Son Esprit est le Bon Démon. Bienheureuse
l’âme tout entière emplie de Lui ; misérable l’âme privée de Lui.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 70 :

Tat : Que veux-tu dire par là, Père ?


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 71 :


Hermès : penses-tu, mon fils, que toute âme possède l’Esprit du Bien ? Car c’est de cet Esprit que
je parle maintenant, et non de l’esprit inférieur cité précédemment, et que la justice divine abaissa.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 72 :

Sans l’Esprit l’âme ne peut ni s’exprimer ni agir. Souvent l’Esprit s’enfuit, alors l’âme ne voit ni
n’entend plus rien ; elle est semblable à un animal sans raison, tant est grand le pouvoir virtuel de
l’Esprit. Mais l’Esprit ne supporte aucune âme impuissante à comprendre ; il abandonne celle qui
est soumise au corps et que le corps prive ici-bas de sa voix.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 73 :

Une telle âme, mon fils, ne possède aucun lien avec l’Esprit : on ne peut plus la qualifier
d’humaine. Car l’homme est un être divin qui ne saurait être comparé à aucune créature vivant sur
terre, mais seulement aux créatures supérieures, les créatures célestes qu’on appelle dieux.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 74 :

Ou plus justement, si nous osons exprimer la vérité : l’homme qui est un Homme véritable est audessus
des dieux, il leur est tout au moins parfaitement semblable en pouvoir.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 75 :

En effet, aucun des dieux célestes ne franchira les limites des cieux pour descendre sur terre.
L’homme, cependant, s’élève jusqu’au ciel et embrasse son étendue ; il connaît aussi bien la
sublimité des cieux que les choses qui sont en dessous. Il assimile tout avec exactitude, et, pardessus
tout, il n’a pas besoin de quitter la terre pour s’élever dans les cieux. Telle est l’ampleur et
l’étendue de ce que sa conscience saisit.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 76 :

C’est pourquoi, osons le dire : l’homme terrestre est un dieu mortel,
le dieu céleste est un homme immortel.


Livre XII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 77 :


Et c’est pourquoi : tout se manifeste au moyen de ces deux entités : le Monde et l’homme, mais
toutes choses émanent de l’Unique.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :


Hermès : Le Noùs, ô Tat, procède de l’Être même de Dieu, pour autant que l’on puisse parler de
l’Être de Dieu ; quoi qu’il en soit, Seul le Noùs se connaît lui-même intégralement.

Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :


C’est pourquoi le Noùs n’est pas distinct de l’Être de Dieu ; il émane de cette Source, comme la
lumière émane du Soleil.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :


Le Noùs des hommes est bon : c’est pourquoi certains hommes sont des dieux ; leur état humain
est très proche de l’état divin. Le Bon Démon a donc nommé les dieux, hommes immortels, et les
hommes, dieux mortels. Chez les êtres dépourvus de raison, le Noùs est la nature. Là où il y a une
âme, il y a un Noùs, de même que partout où il y a la vie, il a une âme. Mais l’âme des êtres
dépourvus de raison n’est que vie sans Noùs. Or le Noùs est le Bienfaiteur des âmes humaines, Il les
travaille et les forme en vue du Bien.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :

Chez les êtres dépourvus de raison, le Noùs agit en accord avec le caractère naturel ; dans les
âmes des hommes, cependant, Il agit en opposition.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :

Souffrance et désir tourmentent l’âme dès son entrée dans le corps ; en effet souffrance et désir se
répandent dans le corps densifié comme un feu, où sombre l’âme, submergée.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :


Si le Noùs peut prendre la direction de l’âme, il projette sa lumière sur elle et s’oppose ainsi à ses
penchants naturels. De même qu’un bon médecin cautérise ou retranche du corps ce qui est malade,
ainsi le Noùs fait souffrir l’âme, en extirpant la convoitise, cause de son état morbide.

Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :


La grande maladie de l’âme provient de ce qu’elle renie Dieu, de là son penser erroné qui fait
naître le mal sans rien susciter de bon. C’est pourquoi, en combattant la maladie, le Noùs redonne le
Bien à l’âme comme le médecin rend la santé au corps.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :

Les âmes humaines que ne guide pas le Noùs sont dans la même situation que les animaux
dépourvus de raison. En effet, le Noùs agit en accord avec elles et laisse libre cours à leurs désirs,
dont la violence les entraîne et les maintient dénuées de raison. Ainsi, comme les êtres dépourvus de
raison, ne cessent-elles de s’abandonner à leurs passions et convoitises débridées, et elles ne sont
jamais rassasiées de leurs péchés ; or les effets déraisonnables des passions et des désirs sont un mal
incommensurable.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :


Dieu a placé ces âmes sous l’implacable rigueur de la Loi, afin qu’elles deviennent conscientes
de leur méchanceté.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :

Tat : Tout cela, ô Père, n’est-il pas en contradiction avec ce que tu m’as déjà dit du Destin ? Si un
homme est prédestiné à commettre adultère, sacrilège ou tout autre crime, sera-t-il donc puni alors
qu’il n’agit que sous l’impérieuse contrainte de la Fatalité ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :

Hermès : Tout, mon fils, est l’oeuvre du Destin et rien de ce qui concerne les choses matérielles,
ni bien ni mal, n’advient en dehors de lui. C’est également par le Destin que quiconque accomplit le
beau et le bien en éprouve les conséquences ; c’est pourquoi chacun agit et acquiert l’expérience
selon la nature de ses actes.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :


Mais laissons le péché et le Destin, dont nous nous sommes déjà entretenus. Parlons maintenant
du Noùs : de ses pouvoirs, de la façon dont il opère différemment dans les hommes et dans les êtres
dépourvus de raison, chez qui ses effets bienfaisants ne peuvent se manifester tandis qu’Il éteint les
passions et les désirs des hommes. Parmi ces derniers, il faut distinguer ceux qui possèdent le Noùs
et ceux qui n’y sont pas reliés. Tous les hommes sont soumis au destin, soumis à la naissance et au
changement, qui en sont le commencement et la fin.

Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :


Tous les hommes subissent donc les impératifs de leur destinée, mais ceux qui suivent la raison et
que guide le Noùs ne les subissent pas de la même façon ; comme ils se sont détachés de ce qui est
mauvais, ils ne les éprouvent pas comme un mal.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :


Tat : Que veux-tu donc dire, Père : celui qui commet l’adultère n’est-il pas mauvais ? Le
meurtrier n’est-il pas mauvais ? Et tous les autres non plus ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :


Hermès : Mon fils, celui qui a la raison pour guide connaîtra la souffrance liée à l’adultère et à la
mort comme l’adultère et le meurtrier bien qu’il ne commette ni adultère ni meurtre. Il est
impossible d’échapper au changement non plus qu’à la naissance : mais qui possède le Noùs peut se
libérer du mal.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :

C’est pourquoi, mon fils, j’ai écouté de tout temps la parole du bon Démon. S’il l’avait écrite, il
aurait rendu un grand service au genre humain. Car Lui seul, mon fils, pénétrant toutes choses
comme Fils unique de Dieu, a prononcé des paroles véritablement divines. Ainsi je l’entendis une
fois dire que tout le créé est un, en particulier les êtres incarnés, dotés d’intelligence, et que nous
vivons d’une force potentielle, d’une force active, et du principe d’éternité. C’est pourquoi le Noùs
est bon, de même que l’âme qui en émane.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :


En conséquence, les choses de l’Esprit ne sont divisées, et le Noùs, qui est l’âme de Dieu et règne
sur toutes choses, peut accomplir ce qu’Il veut. Réfléchis à cela, et rapporte ce que je viens de dire à
la question que tu m’as posée auparavant sur le Destin et le Noùs. Si tu renonces à la vaine
polémique, tu comprendras, mon fils, que le Noùs, l’Âme de Dieu, règne en vérité sur tout : sur le
Destin, sur la loi, sur le reste, et que rien ne Lui est impossible ; il peut soustraire l’âme humaine au
Destin, comme l’y soumettre si elle manque à son devoir. Telles sont les excellentes paroles qu’a
prononcées le Bon Démon.

Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :


Tat : Ce sont des paroles divines, vraies et lumineuses, Père. Mais veuille encore m’éclairer sur ce
qui suit : Tu as dis que le Noùs des êtres dépourvus de raison agit selon leur nature et en accord
avec leurs instincts. Je pense que l’instinct des êtres dépourvus de raison est passion (pathos). Si le
Noùs opère en accord avec les instincts et que ce sont là des passions, le Noùs ne devient-il pas lui
aussi passion, puisqu’il est affecté par le pathos ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :


Hermès : Très bien, mon fils, Ta question est subtile, et il est juste que j’y réponde. Tout ce qui,
dans le corps, est immatériel est soumis au pathos ( souffrance) et est, au sens strict, lui-même
passion (pathos). Tout ce qui engendre le mouvement est immatériel. Tout ce qui est mû est corps.
L’immatériel est lui-même mû par le Noùs. et ce mouvement est passion (pathos). Les deux sont
donc soumis à la souffrance (pathos), aussi bien ce qui engendre le mouvement que ce qui est mû, le
premier parce qu’il impose le mouvement, le deuxième parce qu’il est soumis à l’impulsion du
mouvement. Lorsque le Noùs se détache du corps, il se détache aussi de la souffrance (pathos,
passion). Il vaut peut-être mieux dire, mon fils, que rien n’est sans pathos (souffrance), que tout y
est soumis. Le terme “pathos” (souffrance) ne correspond en rien à “souffrance subie”. Le premier
concept est actif, le second est passif. Les corps ont aussi une activité propre. Ou ils sont sans
mouvement, ou ils sont mus. Dans les deux cas, il y a pathos (souffrance).


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :

L’immatériel, toujours poussé à l’action, est par conséquent soumis à la souffrance. Mais ne te
laisse pas tromper par ces mots : force active et pathos (souffrance) sont une seule et même chose.
Mais rien n’empêche d’employer le terme le plus exact et le plus approprié.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :


Tat : Père, Ton explication est très claire.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :


Hermès : Pense ensuite, mon fils, que c’est à l’homme seul parmi les êtres mortels que Dieu a fait
un double don : le Noùs et la Parole, lesquels équivalent à l’immortalité. Si l’homme emploie ces
deux dons de la juste manière, il ne différera en rien des immortels. Mieux, il se libérera du corps et
sera, par ces dons, admis au rang des dieux et des bienheureux.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :


Tat : N’y a-t-il pas d’autres êtres vivants qui utilisent la parole, Père ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :

Hermès : Ils disposent seulement du son, de la voix. La Parole, le langage, diffère beaucoup de la
voix, car tous les hommes ont en commun la Parole, mais chaque être vivant a sa propre voix, ou
son.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :


Tat : Mais la langue des hommes ne diffère-t-elle pas selon les peuples ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :


Hermès : Les langues diffèrent en effet, mon fils, mais l’humanité est une. La Parole aussi est
une. Lorsqu’elle est traduite d’une langue dans une autre, elle demeure la même, aussi bien en
Égypte, en Asie ou en Grèce. Il me semble, mon fils, que tu ne comprends pas encore la merveille et
la puissante signification de la Parole. Le Dieu bienheureux, le Bon Démon, a dit que l’âme est dans
le corps, que le Noùs est dans l’âme, que la Parole est dans le Noùs, et que Dieu est le Père de tout.
La Parole est donc l’Image et le Noùs de Dieu, le corps est l’image de l’Idée et l’Idée est l’image de
l’âme.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 27 :

Ainsi ce que la matière a de plus subtil est l’air (l’éther),
ce que l’air a de plus subtil est l’âme,
ce que l’âme a de plus subtil est le Noùs,
et ce que le Noùs a de plus subtil est Dieu.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 28 :

Dieu entoure et pénètre tout,
le Noùs entoure l’âme,
l’âme entoure l’air (l’éther),
l’air entoure la matière.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 29 :


Le Destin, la Providence et la Nature sont des instruments de l’Ordre cosmique et de
l’ordonnance de la matière. Tout ce qui est doté d’esprit est principe, et le principe de toute chose
est identique. Cependant, chacun des corps qui compose l’Univers est multiple par nature : la
caractéristique des corps composés est de conserver invariablement leur essence tandis qu’ils
passent d’une forme dans l’autre.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 30 :

De plus, les corps composés ont un nombre qui leur est propre. Sans ce nombre rien ne pourrait
être constitué, ni assemblé, ni dissocié ; les unités engendrent le nombre qui rend ces corps
multiples, et quand le nombre se décompose, elles réabsorbent les parties constituantes, tandis que
la matière demeure simple et une.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 31 :


Eh bien, ce Monde entier, cette grande Divinité à l’image de Celui qui est encore plus grand, qui
ne fait qu’un avec Lui et qui garde l’Ordre et la Volonté du Père, est la plénitude de la vie. Il n’est
rien en Lui, soit dans sa totalité, soit en une seule de ses parties, qui n’ait la vie, et cela tout au long
de la marche de retour séculaire que le Père a ordonnée. Dans le monde, il n’y eut jamais, il n’y a
pas et il ne saurait y avoir une chose comme la mort.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 32 :


Car le Père veut que le Monde soit vivant aussi longtemps qu’il conserve sa cohésion ; c’est
pourquoi il est nécessairement Dieu.

Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 33 :


Comment serait-il possible, mon fils, qu’existât en Dieu, en Lui qui est l’image de l’Univers, en
Lui qui est plénitude de la vie, une chose comme la mort ? Car la mort est décomposition, et la
décomposition, anéantissement. Comment penser qu’une partie de ce qui est incorruptible puisse se
décomposer, ou que quelque chose de Dieu puisse être anéanti ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 34 :


Tat : Père, les êtres vivants qui sont en Lui et une partie de Lui, ne meurent-ils pourtant pas ?

Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 35 :


Hermès : ne t’exprime pas ainsi, mon fils, car ce serait te méprendre sur les faits. Les êtres
vivants ne meurent pas, mais leurs corps, qui sont composés, se dissocient. Cette dissociation n’est
pas la mort mais la fin d’une cohésion. En réalité cette décomposition ne signifie pas destruction
mais possibilité d’un avenir nouveau, d’un renouvellement.
Car quelle est la force active de la vie ?
N’est-ce pas le mouvement ?
Et qu’y a-t-il qui soit sans mouvement sur terre ?
Rien, mon fils.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 36 :

Tat : Mais alors, tu ne considères pas la Terre comme sans mouvement, Père ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 37 :

Hermès : Non, mon fils ; elle seule est à la fois multiple dans son mouvement et pourtant durable.
Ne serait-il pas risible de supposer que la Mère nourricière de l’Univers, qui fait naître et croître
toute chose, soit sans mouvement ? Car sans mouvement rien ne peut naître. Il est insensé de
demander, comme tu le fais, si la quatrième partie du Monde est active, car un corps sans
mouvement ne signifie rien d’autre qu’un corps inactif.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 38 :


Sache donc, mon fils que tout ce qui est dans le monde, absolument tout, est mû, soit pour croître,
soit pour décroître. Ce qui est en mouvement vit, et la sainte Loi veut que rien de ce qui vit ne
demeure semblable à lui-même, donc ne reste inchangé. Car, vu dans sa totalité, le monde est sans
mouvement, mais toutes ses créations changent, sans toutefois périr ou être anéanties ; ce sont les
mots, les noms qui jettent l’homme dans la confusion et l’inquiétude.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 39 :


Car la vie n’est pas naissance mais conscience, et le changement n’est pas mort mais oubli.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 40 :


Considéré ainsi, tout est immortel : la matière, la vie, le souffle, l’âme, l’esprit, l’intelligence,
l’instinct, tout ce qui constitue chaque être vivant.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 41 :

En ce sens, chaque être vivant est immortel, mais plus que tout autre, celui qui est en état de
recevoir Dieu et de s’unir à Lui. Car c’est le seul parmi les êtres vivants avec lequel la Divinité
commerce. Elle lui prédit l’avenir de diverses façons, la nuit par les songes, le jour par des signes :
par les oiseaux, les entrailles, l’air, le chêne, de sorte qu’il est donné à l’homme de connaître le
passé, le présent et l’avenir.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 42 :


Sois attentif aussi, mon fils, au fait que chaque être vivant ne séjourne que dans une partie du
monde : les habitants de l’eau, dans l’eau, ceux de la terre, sur la terre ferme, les bêtes ailées, dans
l’air. L’homme cependant, a commerce avec tous les éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu, et
même le ciel. Il entre en contact avec lui et le perçoit avec une connaissance et une compréhension
croissantes.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 43 :

Dieu entoure et pénètre tout, car Il est Lui-même aussi bien la force active que la force passive de
l’Univers. C’est pourquoi il n’est point difficile de Le comprendre.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 44 :

Si tu souhaites approcher Dieu en pensée, alors contemple l’ordre du monde et sa beauté.
Contemple la nécessité de tout ce que tu perçois ainsi, et la Providence qui règne sur le passé et le
présent. Vois comme la matière est pleine de vie, et comment le mouvement de cette Divinité
ineffable ouvre en tout ce qui est beau et bon : dieux, démons, hommes.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 45 :


Tat : Mais ce sont là les effets d’une force, Père !

Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 46 :


Hermès : Si ce sont seulement les effets d’une force, mon fils, alors, qui donc la met en ouvre.
Une quelconque divinité ? Ne vois-tu pas que, de même que le ciel, la terre, l’eau et l’air sont des
parties du monde, de même la vie et l’immortalité, le sang, le destin, la providence, la nature, l’âme,
l’esprit sont des aspects de Dieu, et que la pérennité de tout ceci est nommée Bien. Il n’est donc
rien, ni dans le présent, ni dans le passé, où Dieu ne soit présent.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 47 :

Tat : Dieu est-il dans la matière, père ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 48 :


Hermès : Si la matière existait en dehors de Dieu, mon fils, quelle place voudrais-tu lui donner ?
Car tant qu’elle n’aurait pas été mise en activité, que serait-elle d’autre qu’une masse confuse ? Et si
elle doit être mise en activité, par qui le serait-elle ? Car nous avons dit que les forces actives sont
les créations de Dieu. De qui tous les êtres vivants reçoivent-ils la vie ? À qui les immortels
doivent-ils leur immortalité ? Qui provoque le changement de tous ce qui est changeant ?


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 49 :


Que tu parles de la matière, ou du corps, ou du principe des choses, sache que ce sont-là des
effets de la Force de Dieu ; l’effet de la force dans la matière forme la matérialité ; l’effet de la force
dans les corps forme le corporel ; l’effet de la force dans le principe, détermine l’essence. Tout ceci
est dieu, l’Univers.


Livre XIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 50 :


Il n’est rien dans l’Univers qui ne soit Dieu. C’est pourquoi les concepts de grandeur, de lieu, de
propriété, de forme ou de temps ne permettent pas de décrire Dieu ; car Dieu est l’Univers et, en
tant que tel, il est tout et renferme tout. Adore cette parole, mon fils et vénère-la : il n’y a qu’une
seule religion, qu’une seule façon de servir et d’honorer Dieu, c’est de ne pas faire le mal.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :


Tat : dans ton discours général, Père, tu t’es exprimé comme par énigmes et de façon voilée en
parlant de la nature divine. Tu ne m’en as rien révélé, disant que personne ne peut être sauvé s’il
n’est rené.

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :


Mais après les paroles que tu as prononcées en descendant de la montagne, alors qu’en te
suppliant je t’interrogeais sur l’enseignement de la renaissance afin que je l’apprenne (car c’est le
seul point de l’enseignement que j’ignore), tu m’as promis de me le transmettre dès que je serai
détaché du monde.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :


Maintenant je l’ai fait et me suis intérieurement fortifié contre l’illusion du monde. Dès lors
daigne donc compléter ce qui me manque, comme tu me l’as promis, et m’instruire sur la
renaissance, soit en paroles, soit comme mystère. Car je ne sais, ô Trimégiste, ni de quelle matrice
ni de quelle semence naît l’homme véritable.

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :


Hermès : De la Sagesse qui pense dans le silence, et de la semence qui est l’Unique Bien, mon
fils.

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :


Tat : Qui la sème donc, Père ? Car cela m’est totalement incompréhensible.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :


Hermès : La Volonté de Dieu, mon fils.

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :


Tat : Et quelle est la nature de celui qui vient à naître, Père ? Car il n’aura part ni à mon être
terrestre ni à mon penser cérébral.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :


Hermès : Il renaîtra tout autre. Il sera dieu, un fils de Dieu, tout en tout, et doté de l’ensemble des
pouvoirs.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :

Tat : Tu me parles par énigmes, Père, et non comme un père à son fils.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :


Hermès : De telles choses ne s’enseignent pas, mon fils. Mais si Dieu le veut, Il t’en fera luimême
ressouvenir.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :


Tat : Ce que tu me dis, Père, dépasse ma compréhension et me fait violence. C’est pourquoi je
n’ai sur ce sujet que cette juste réponse : ” Je suis un fils étranger à la race de son père !” Cesse de
me repousser, Père, car je suis ton fils légitime ; explique-moi en détail de quelle manière s’opère la
renaissance.

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :


Hermès : Que te dirai-je, mon fils ? Seulement ceci : Quand je perçus en moi-même une vision
indéfinie suscitée par la miséricorde de Dieu, je sortis de moi-même pour me fondre en un corps
immortel. Ainsi je ne suis plus celui que je fus un jour, mais j’ai été façonné par l’Ame-Esprit. Or
cela ne s’enseigne, ni ne se perçoit avec l’élément matériel permettant à l’homme de voir ici-bas.
Voilà pourquoi je ne me soucie plus maintenant de la forme composée qui fut un jour la mienne. Je
n’ai plus ni couleur, ni sens, ni mesure : tout ceci m’est étranger.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :


Tu me vois à présent avec tes yeux, mon fils, mais ce que je suis, tu ne saurais le comprendre en
me regardant et voyant avec les yeux du corps. En fait, avec ces yeux-là tu ne vois pas, mon fils !


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :


Tat : Tu m’as mis dans une grande confusion et rendu très perplexe, Père, car à présent je ne me
vois même plus moi-même !


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :

Hermès : Dieu t’accorde, mon fils, de sortir aussi de toi-même, comme ceux qui rêvent en
dormant mais, dans ton cas, sans dormir.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :

Tat : Dis-moi encore ceci : qui est celui qui opère la renaissance ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :


Hermès : Le Fils de Dieu, l’Homme unique, selon la Volonté de Dieu.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :


Tat : Maintenant, Père, tu me laisses vraiment muet, car à présent je ne comprends plus rien : en
effet, je te vois toujours avec la même forme corporelle, avec la même apparence extérieure.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :

Hermès : Tu fais une erreur là aussi, car la forme mortelle change de jour en jour. Irréelle comme
elle est, elle change au cours du temps, augmentant ou diminuant.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :


Tat : Mais qu’est-ce qui est vrai et réel, Trimégiste ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :


Hermès : Ce qui n’est pas souillé, mon fils, ce qui est illimité, sans couleur, immuable, nu, sans
forme, rayonnant, qui seul sonde soi-même, le Bien inaltérable, l’Incorporel.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :


Tat : Cela dépasse mon entendement, Père. Je pensais que tu m’avais rendu sage. Mais toutes ces
notions bloquent ma compréhension.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :

Hermès : Il en est ainsi, mon fils, de ce qui se dirige vers le haut comme le feu, ou vers le bas
comme la terre, ou s’écoule comme l’eau, ou souffle à travers l’Univers entier comme l’air. Mais
comment saurais-tu percevoir par les sens ce qui n’est ni ferme, ni fluide, qui ne peut être ni
rassemblé ni saisi, et se conçoit seulement par son pouvoir et par sa force active, chose qui n’est
possible qu’à celui qui à une vue profonde de la naissance de Dieu ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :


Tat : N’en suis-je donc pas capable, Père ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :


Hermès : Je ne veux pas dire cela, mon fils. Mais rentre en toi-même et cela viendra. Désire-le et
cela arrivera. Ramène au silence les activités sensorielles du corps, et la naissance du Divin se
réalisera. Purifie-toi des châtiments irraisonnés de la matière.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :

Tat : Ai-je en moi des tortionnaires, Père ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 27 :


Hermès : Et ils sont en grand nombre, mon fils, un nombre hallucinant !


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 28 :

Tat : Je ne les connais pas, Père.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 29 :


Hermès : Cette ignorance elle-même est le premier châtiment, mon fils, le deuxième est le
chagrin et la souffrance, le troisième, le manque de mesure, le quatrième, la convoitise, le
cinquième, l’injustice, le sixième, l’avarice, le septième, la fausseté, le huitième, la jalousie, le
neuvième la ruse, le dixième la colère, le onzième, l’irréflexion, le douzième la méchanceté. Ces
châtiments sont au nombre de douze, à la suite desquels s’en trouvent beaucoup d’autres qui, dans
la prison du corps, contraignent l’homme, en raison de sa nature, à souffrir de l’activité des sens.
Lorsque Dieu a pitié de quelqu’un, ces châtiments diminuent cependant, encore que ce ne soit pas
complètement. Et c’est cela qui explique la nature et le sens de la renaissance !


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 30 :

Fais maintenant silence, mon fils, écoute avec respect et reconnaissance. La miséricorde divine
ne tardera pas à devenir notre partage.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 31 :

Réjouis-toi, mon fils, maintenant les Forces de Dieu te purifient pleinement pour la liaison avec
les éléments de la Parole. La Connaissance de Dieu nous parvient et par elle l’ignorance est
repoussée. La Gnose de la joie nous parvient et par elle la souffrance fuit. La Force que j’évoque
après la Joie est l’Humilité. O Force merveilleuse ! Recevons-la dans l’allégresse, mon fils : vois
comme en venant elle chasse le manque de mesure ! En quatrième lieu, je nomme la Maîtrise de soi,
la Force qui s’oppose à la convoitise. Et cette étape, mon fils, est le soutien de l’honnêteté : car vois
comme sans tarder elle repousse l’injustice. Ainsi nous devenons justes maintenant que l’injustice a
disparu. La sixième Force que j’appelle sur nous est celle qui lutte contre l’avarice, à savoir la
Bonté, qui se transmet aux autres. Et lorsque la fausseté a disparu, j’évoque encore la Vérité : car la
jalousie s’écarte alors de nous et le Bien, accompagné de la Vie et de la Lumière, suit la Vérité ; et
aucun châtiment de l’obscurité ne nous affecte plus ; repoussés, en effet, ils fuient à la hâte.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 32 :

À présent, mon fils, tu connais la façon dont s’opère la Renaissance : la venue des dix aspects
accomplit la naissance spirituelle et dissipe les douze aspects ; ainsi sommes-nous divinisés par le
processus de cette naissance.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 33 :


Tat : À présent que, selon les dispositions divines, j’en suis venu à la contemplation, ces choses
ne me deviennent pas visibles par la vision ordinaire, mais grâce au pouvoir des forces reçues. Je
suis dans le ciel, sur la terre, dans l’eau, dans l’air. Je suis dans les animaux et dans les plantes.
Avant, pendant et après le stade prénatal, oui, partout ! Mais dis-moi encore ceci : comment les dix
Forces repoussent-elles les châtiments de l’obscurité, qui sont au nombre de douze ? De quelle
manière cela se passe-t-il, Trismègiste ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 34 :

Hermès : Cette tente que nous avons quittée, est constituée par le Cercle du Zodiaque, qui à son
tour comprend douze éléments : c’est une seule nature mais multiforme selon la représentation que
s’en fait la pensée trompeuse de l’homme.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 35 :


Parmi ces châtiments, il y en a, mon fils, qui se manifestent ensemble. Ainsi la précipitation et
l’irréflexion sont inséparables de la colère. On ne peut même pas les distinguer. Il est donc
compréhensible et logique qu’ils disparaissent ensemble quand ils sont chassés par les dix Forces.
Car ce sont ces dix Forces, mon fils, qui donnent naissance à l’Âme. La Vie et la Lumière sont
unies. Ainsi, de l’Esprit, naît le Nombre de l’Unité. Or, selon la raison, l’Unité contient la Décade,
et la Décade, l’Unité.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 36 :

Tat : Père, je vois dans l’Ame-Esprit l’Univers entier et moi-même !


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 37 :


Hermès : C’est cela la renaissance, mon fils, on ne peut s’en faire aucune représentation
tridimensionnelle. Tu connais et ressens cela maintenant grâce à l’Entretien sur la renaissance que
j’ai écrit à ton seul profit, en sorte d’en faire part, non à la foule, mais uniquement à ceux que Dieu
a choisis.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 38 :

Tat : Dis-moi, Père, ce nouveau corps composé des dix Forces se désagrège-t-il jamais ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 39 :


Hermès : Tais-toi, ne dis pas des choses impossibles, car ainsi tu pêcherais et troublerais l’oeil de
l’Ame-Esprit. Le corps physique doté de sens est très éloigné de celui de la naissance divine
fondamentale. Le premier se désagrège, le second est incorruptible ; le premier est mortel, le second
est immortel. Ne sais-tu pas que tu es devenu un dieu, un fils de l’Unique, comme moi ?


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 40 :

Tat : Père, j’aimerais entendre le Chant de louange que, d’après ce que tu m’as rapporté, tu
entendis les Puissances chanter lorsque tu atteignis l’ogdoade (Ogdoade signifie huitième ; c’est la
phase de la rentrée en Dieu, l’Etre-Esprit absolu).


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 41 :


Hermès : conformément à ce que dévoila Pymandre dans l’Ogdoade, j’agrée ta hâte d’abattre
cette tente, car à présent tu es pur. Pymandre, l’Esprit, ne m’a rien révélé de plus que ce que j’ai
écrit, sachant bien que je suis en état de tout comprendre ; d’entendre et de voir tout ce que je désire
; et il m’a ordonné de faire tout ce qui est bien. C’est pourquoi les Forces qui sont en moi chantent
en tout.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 42 :


Tat : Père, moi aussi j’aimerais entendre et connaître tout cela.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 43 :


Hermès : Alors soit silencieux, mon fils, et entends ce Chant de louange si à propos, l’Hymne de
la Renaissance – Ce n’était pas mon intention de le faire ainsi connaître sans plus, excepté à toi qui
es parvenu au terme de cette initiation. Ce Chant de louange ne s’enseigne pas, il reste caché dans le
silence. Place-toi donc dans un lieu à ciel ouvert, tourne ton regard vers le vent du sud, après le
coucher du soleil, et là, adore ; fais de même au lever du soleil mais tourné vers l’orient. Et
Maintenant, silence, mon fils.

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 44 :


LE CHANT DE LOUANGE SECRET : LA FORMULE SACRÉE.
” Que toute nature du cosmos écoute ce Chant de louange !
Ouvre-toi, ô terre !
Que les eaux du ciel ouvrent leurs sources à l’écoute de ma voix !
Restez immobiles, vous les arbres !
Car je veux chanter et louer le Seigneur de la Création, le Tout
l’Unique !
Ouvrez-vous, cieux !
Vents, apaisez-vous !
Afin que l’immortel Cycle de Dieu puisse recevoir ma parole.
Car je vais chanter la Louange de Celui qui a créé l’Univers entier ; Qui a indiqué sa place à la
terre et suspendu le firmament ; Qui a ordonné à l’eau douce de sortir de l’océan et de se répandre
sur la terre habitée et inhabitée, au service de l’existence et pour la survie des hommes ;
Qui a ordonné au feu de briller pour tout usage que
voudraient en faire
les dieux et les hommes.
Rassemblons-nous pour chanter les louanges de Celui qui est élevé
au-dessus de tous les cieux, le Créateur de la nature entière. Il est l’oeil de l’Esprit : qu’à Lui soit
la louange de toutes les Forces.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 45 :

O vous, Forces qui êtes en moi : chantez la louange de l’Unique et du Tout ; chantez selon ma
volonté, ô vous Forces qui êtes en moi. Gnose, ô sainte Connaissance de Dieu, par Toi illuminé, il
m’est donné de chanter la Lumière du savoir et de me réjouir dans la joie de l’Ame-Esprit. O vous,
toutes les Forces, chantez avec moi ce Chant de louange ! Et toi, ô Humilité, et toi, justice en moi,
chantez pour moi ce qui est juste. O amour du Tout en moi, chante en moi le Tout. O vérité, loue la
Vérité. O bonté, loue-le Bien.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 46 :


De Toi, ô Vie et Lumière, vient le Chant de Louange, et vers Toi il retourne. Je Te remercie, Père,
qui manifeste les Puissances. Je Te remercie, Père, Toi qui pousses à l’action tout ce qui est
potentiel. Ta Parole chante pour moi Ta Louange. Reçois par moi le Tout, en tant que Parole, en tant
qu’offrande de la Parole.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 47 :


Entends ce que proclament les Forces qui sont en moi : elles célèbrent le Tout, elles
accomplissent Ta Volonté. Ta Volonté émane de Toi et Tout retourne à Toi. Reçois de tous l’offrande
de la Parole !

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 48 :


Sauve le Tout qui est en nous. Illumine-nous, ô Vie, Lumière, Souffle, Dieu ! Car l’Ame-Esprit
est le gardien de Ta Parole !


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 49 :


O Porteur de l’Esprit, ô Démiurge, Tu es Dieu ! L’homme qui T’appartient le proclame par le feu,
par l’air, par la terre, par l’eau, par l’Esprit, par Tes créatures. J’ai reçu de Toi ce Chant de louange
de l’Éternité comme j’ai trouvé, par Ta Volonté, le repos que je cherchais.”


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 50 :

Tat : J’ai vu comment, par ta volonté, ce Chant de louange doit s’exprimer, Père, Et maintenant je
l’exprime également dans le monde qui est le mien.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 51 :

Hermès : Dis, mon fils, dans le monde essentiel, c’est-à-dire le monde divin.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 52 :


Tat : Oui, dans le monde essentiel, Père, j’ai ce pouvoir. Par ton Chant de louange et l’expression
de ta gratitude, l’illumination de mon Ame-Esprit est devenue parfaite. Maintenant je veux moi
aussi rendre grâce à Dieu du plus profond de mon être.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 53 :

Hermès : En cela ne soit pas imprudent, mon fils.


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 54 :

Tat : Entends, Père, ce que je dis dans l’Ame-Esprit : ” A Toi, ô premier artisan de la Renaissance,
à Toi, mon Dieu, je fais, moi Tat, l’Offrande de la Parole. O Dieu, Toi Père, Toi Seigneur, Toi
Esprit : accepte de moi l’offrande que tu désires de moi. Car tout ( le processus entier de la
Renaissance) s’accomplit conformément à Ta Volonté.”


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 55 :


Hermès : Mon fils, tu offres ainsi à Dieu, le père de toutes choses, une offrande qui lui est
agréable. Mais ajoute ceci encore : par la Parole !


Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 56 :


Tat : Je te remercie, Père, des conseils que tu m’as donnés.

Livre XIV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 57 :


Hermès : Je me réjouis, mon fils, de ce que tu aies gagné les bons fruits de la Vérité, une récolte
immortelle assurément ! Promets-moi, maintenant que tu as appris cela de moi, d’observer le
silence concernant ce merveilleux pouvoir et de ne transmettre à personne la manière dont
s’accomplit la renaissance, afin que nous ne soyons pas comptés parmi ceux qui profanent
l’Enseignement. Qu’il soit suffisant que nous l’ayons tous deux faits nôtre : moi en parlant, toi en
écoutant. Dans la Lumière de l’Esprit tu te connais maintenant toi-même ; toi-même et notre Père à
tous deux.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :

Hermès : Comme mon fils Tat, durant ton absence, désira recevoir des éclaircissements sur la
nature de l’Univers, et ne voulut pas me permettre de différer son instruction (en effet, c’est mon
fils et un jeune élève récemment parvenu à la connaissance des choses), j’ai été contraint de m’y
attarder avec force détails afin de lui rendre l’Enseignement plus accessible.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :

Mais pour toi j’ai choisi les principaux chapitres de ce qui a été dit et les ai composés sur un
mode plus mystique, eu égard à ton âge et à la connaissance de la nature des choses que tu as
acquise.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :

Si toutes les choses qui se manifestent viennent à l’existence, ou y sont venues, non d’ellesmêmes
mais par un autre ; et si toutes les choses venues à l’existence sont différentes et
dissemblables, et doivent leur naissance à un autre, il existe bien quelqu’un qui soit leur Créateur.
Mais ce dernier n’est lui-même pas né ; on dit qu’il était avant tout le créé. Car ce qui est créé naît
d’un Autre, comme je l’ai dit, donc rien ne peut être avant que tout ne vienne à l’existence, excepté
Cela même qui n’est jamais né : le Créateur.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :

Ce dernier est aussi le plus puissant et Il est l’Unique. Lui seul est véritablement sage en tout
puisque rien n’existait avant Lui. Car Il est le Premier, aussi bien dans l’ordre numérique que par la
grandeur, par la différence qui existe entre Lui et toutes les créatures, et par la continuité de Sa
Création. En outre toutes les créatures sont visibles ; lui seul est invisible. C’est précisément
pourquoi Il crée ; pour Se rendre Lui-même visible ! C’est ainsi qu’Il crée sans arrêt, et de la sorte
Se rend visible.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :


Il faut penser ainsi, et de cette pensée en arriver à l’émerveillement, et s’estimer bienheureux
d’avoir appris à connaître le Père. Qu’y a-t-il en effet de plus merveilleux qu’un Père véritable ?
Qui est-Il et comment apprendre à le connaître ?
Est-il juste de Lui donner seulement le nom de Dieu ?
Ne Lui faudrait-il pas aussi celui de Créateur ? De Père ?
Ou peut-être les trois ?
Créateur, par son activité ?
Père, par sa Bonté ?
Car Il est puissant, vu la diversité des choses manifestées ; et actif, puisqu’en effet tout vient à
l’existence par Lui.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :


Sans ambages ni jeux de mots interminables, nous devons distinguer le créé et le Créateur ; car
entre eux n’existe ni intermédiaire, ni tiers.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :


Distingue-les donc toujours, dans tout ce que tu comprends et apprends, et sois convaincu qu’ils
contiennent et renferment tout. Ne laisse aucun doute s’insinuer en toi à ce propos : ni en ce qui
concerne les choses qui sont au-dessus ou celles qui sont en dessous, ni au sujet des choses divines,
ni quant à ce qui est changeant, ou appartient aux choses cachées. Tout ce qui existe se résume à ces
deux : le créé et le Créateur, et rien ne peut les séparer, car le Créateur n’existe pas sans création.
Chacun est ce qu’indique le mot et rien d’autre. C’est pourquoi on ne peut pas plus séparer l’un de
l’autre que lui-même.

Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :


Si le Créateur est uniquement la fonction, simple, pure, non-composée, Il doit être
nécessairement identique à Lui-même, car la création du Créateur est la naissance d’un état d’être,
et ce qui est engendré ne peut exister comme s’étend engendré lui-même. Une création doit donc
nécessairement être engendrée par un Autre : sans Créateur donc, rien n’est manifesté et rien
n’existe. Si le Créateur et la créature sont séparés, chacun d’eux perd son identité propre, privé qu’il
est de son complément. Si donc on reconnaît que la réalité se résume à ces deux, le Créateur et la
création, on reconnaît qu’ils forment une unité de fait qu’ils ne peuvent se passer l’un de l’autre :
d’abord il y a la Divinité créatrice ; ensuite vient le créé, quel qu’il soit.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :

Ne craint pas que la distinction que j’ai faite diminue le respect dû à Dieu ou à sa gloire. Car il
n’est pour Lui qu’une seule gloire : amener tous les êtres à la vie. Créer, donner forme et vie, tel est,
à vrai dire, le Corps de Dieu. Ne crois jamais que le Créateur ait ordonné quelque chose de mauvais
ou de laid. Car le mauvais et le laid sont des aspects indissolublement liés à la génération, comme la
rouille l’est au fer et l’impureté au corps. Ce n’est pas le forgeron qui a fait la rouille, ce ne sont pas
les parents qui ont causé la souillure du corps, ce n’est pas Dieu non plus qui a créé le mal. C’est
l’usage, l’usure des choses créées qui produit l’effet annexe du mal. Et c’est précisément pour
purifier le créé que Dieu a établi le changement.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :


Si n’importe quel peintre peut représenter le ciel et les dieux, la terre et la mer, l’homme et les
animaux ainsi que les choses inanimées, Dieu ne serait pas capable de créer tout cela ! Quelle
déraison, quelle ignorance de penser cela de Dieu ! Ceux qui ont de telles idées éprouvent les
choses les plus étranges. Car alors qu’ils prétendent louer Dieu et Lui témoigner leur respect, ils
refusent de Le reconnaître comme le Créateur de toutes choses et donnent ainsi la preuve, non
seulement de ne pas Le connaître, mais de commettre le plus horrible blasphème en Lui imputant
orgueil et impuissance. Car si Dieu n’était pas le créateur de tous les êtres, ce serait alors comme
s’Il dédaignait de les amener à la vie ou n’en était pas capable : penser ainsi est impie, en vérité.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :


Car Dieu n’a qu’un seul attribut : le Bien. Et le Bien universel n’est ni orgueilleux, ni impuissant.
Oui, voilà ce qu’est Dieu : le Bien, le Tout Puissant, qui créé l’universalité des choses. La totalité de
ce qui est créé vient de Dieu, de Lui Qui est le Bien absolu et a le pouvoir de tout engendrer.


Livre XV d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :

Si maintenant tu veux savoir comment Dieu créé et comment le créé vient à l’existence, voici une
parabole juste et belle : Pense au laboureur qui sème la semence dans son champ : ici du blé, là de
l’orge, ailleurs quelque autres graines. Vois comment il plante ici une vigne, là un pommier, ailleurs
encore d’autres espèces d’arbres. De même Dieu sème l’Immortalité dans le ciel, le Changement sur
la terre, la Vie et le Mouvement dans l’Univers. Ces aspects de Son activité sont donc restreints. Ils
sont en petit nombre et faciles à compter : quatre en tout, plus Dieu Lui-même et le créé. Et ces six
constituent ensemble l’universalité de ce qui existe.