Salle du Corpus Hermeticum d’Hermès Trismégiste 3
Dialogue universel d’Hermès et d’Asclépios
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :
Hermès : Asclépios, tout ce qui est en mouvement n’est-il pas mû dans quelque chose et par
quelque chose ? Asclépios : Très certainement !
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :
Hermès : Et ne faut-il pas que ce en quoi le mouvement a lieu soit plus grand que la chose en
mouvement. Asclépios : Sans aucun doute.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :
Hermès : La cause du mouvement n’est-elle pas plus puissante que la chose mue ? Asclépios :
C’est l’évidence.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :
Hermès : Et ce en quoi le mouvement a lieu n’est-il pas nécessairement de nature à celle de la
chose en mouvement ? Asclépios : Par nature.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :
Hermès : L’univers n’est-il pas plus grand que tout autre corps ? Asclépios : C’est certain.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
Hermès : Et n’est-il pas entièrement rempli, en particulier par beaucoup d’autres grands corps et
plus justement par tous les corps qui existent ? Asclépios : C’est vrai.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
Hermès : L’univers est donc un corps. Asclépios : Oui.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
Hermès : Et de plus un corps en mouvement. Asclépios : Sans doute.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Hermès : De quelle grandeur doit être alors l’espace dans lequel se meut l’univers ? Et de quelle
nature ? Ne faut-il pas qu’il soit beaucoup plus grand que l’univers pour lui permettre son
mouvement continu sans le gêner ou l’arrêter ? Asclépios : Cet espace doit être extraordinairement
grand, Trismégiste.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :
Hermès : et de quelle nature ? De nature inverse, n’est-ce pas Asclépios ? Or l’inverse n’est-il
pas l’incorporel ? Aslépios : Sans aucun doute.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :
Hermès : Donc l’espace est incorporel. Mais l’incorporel est de nature divine, ou Dieu même. Par
divin je ne veux pas dire le créé mais l’incréé. Si l’incorporel est de nature divine, il est de même
nature que l’essence fondamentale de la création ; et s’il est Dieu, il ne fait qu’un avec l’essence
fondamentale. C’est d’ailleurs ainsi que le saisit la pensée.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :
Dieu est pour nous ce que la pensée peut atteindre de plus haut : pour nous, mais pas pour Dieu.
Car celui qui pense atteint l’objet de sa pensée à la lumière de la vision intérieure. Dieu n’est pas
pour lui-même l’objet de sa pensée. Il n’est pas différent de l’essence de la pensée. Il se pense luimême.
De nous, cependant, Dieu est bien distinct : c’est pourquoi il est l’objet de notre pensée.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :
Si nous nous représentons en pensée l’espace universel, nous n’y pensons pas comme espace
mais comme Dieu ; et si l’espace nous apparaît comme Dieu, il n’y a plus d’espace au sens
ordinaire du mot, il y a la force divine active qui embrasse tout.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :
Tout ce qui est en mouvement ne se meut pas dans une chose elle-même mobile, mais dans une
chose immobile ; et la force motrice elle-même est immobile car elle ne peut être une partie du
mouvement qu’elle provoque elle-même.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :
Asclépios : Mais, Trismégiste, de quelle manière les choses, ici, sur terre, peuvent-elles se
mouvoir dans le sens de celle qui cause leur mouvement ? Car tu as dit que les sphères en état de
péché sont mues par la sphère sans péché.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :
Hermès : Ici, Asclépios, il n’est pas question d’un même mouvement, mais d’un mouvement en
sens inverse. Car ces sphères ne sont pas mues dans le même sens, mais en sens inverse. Cette
inversion donne au mouvement un point d’équilibre fixe, car la résultante des mouvements en sens
contraire se manifeste en ce point par une immobilité.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :
Parce que les sphères en état de péché sont mues en sens inverse de la sphère sans péché, elles
sont mues dans ce mouvement inverse, par le point d’équilibre fixe, autour de la sphère offrant une
résistance. Et il ne peut pas en être autrement.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :
Tu vois, ici, les constellations de la Grande et de la Petite Ourse, qui ne se lèvent ni ne se
couchent mais tournent autour du même point : crois-tu qu’elles soient en mouvement ou immobiles
?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :
Asclépios : Elles sont en mouvement, Trismégiste. Hermès : Et quel est ce mouvement, Asclépios
? Asclépios : Elles tournent sans cesse autour du point central.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :
Hermès : C’est juste. La rotation n’est donc rien d’autre qu’un mouvement autour d’un même
point central. En effet le mouvement circulaire s’oppose à l’écart et c’est l’opposition à l’écart qui
entretient la rotation. Donc le mouvement inverse est nul au point d’équilibre parce qu’en ce point
la force du mouvement résistant le rend fixe.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :
Je vais te donner un exemple simple dont tu pourras vérifier de tes yeux l’exactitude. Regarde
nager les créatures mortelles, l’homme, par exemple : la résistance, la force inverse des pieds et des
mains engendre dans le courant de l’eau un état de stabilité tel que l’homme n’est pas attiré vers le
fond.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :
Asclépios : cet exemple est très clair, Trismégiste.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :
Hermès : Tout mouvement est produit dans une chose et par une chose elle-même immobile. Le
mouvement de l’univers et de toutes créatures mortelles vivantes n’est donc pas déterminé par des
causes extérieures au corps mais par des causes intérieures agissant de l’intérieur vers l’extérieur
par une force consciente raisonnable, soit l’âme, soit l’Esprit, soit quelque autre entité incorporelle.
Car un corps matériel ne peut mouvoir ni un corps animé, ni un corps inanimé ; non, il ne peut
mouvoir aucun corps.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :
Asclépios : Que veux-tu dire par là Trismégiste ? Le bois, la pierre et autres corps inanimés ne
sont-ils pas des corps qui produisent du mouvement ?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :
Hermès : certainement pas Asclépios ! Car ce n’est pas le corps lui-même qui cause le
mouvement des choses inanimées, mais ce qui se trouve au-dedans de ce corps et ceci fait mouvoir
l’un et l’autre corps, aussi bien le corps qui déplace que celui qui est déplacé. De là vient que
l’inanimé ne peut mouvoir l’inanimé. Tu vois donc quel lourd fardeau porte ton âme quand, à elle
seule, elle doit porter deux corps. Il est évident que ce qui est en mouvement est mû dans quelque
chose et par quelque chose.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :
Asclépios : Le mouvement ne se produit-il pas dans un espace vide, Trismégiste ?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 27 :
Hermès : Écoute bien, Asclépios : Rien de ce qui est réellement n’est vide, rien de ce qui fait
partie de l’être véritable n’est vide, comme le mot “être”, c’est-à-dire se manifester, le dit déjà. En
effet, ce qui est n’aurait aucune réalité, ne serait pas, s’il n’était empli de réalité. Ce qui est réel, ce
qui se manifeste réellement, ne peut donc jamais être vide.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 28 :
Asclépios : N’y a-t-il donc rien de vide, Trismégiste, Comme une cruche, un pot, une cuve et
diverses autres choses spécifiques ?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 29 :
Hermès : Arrête-toi, Asclépios, quelle erreur est la tienne ! Comment peux-tu considérer comme
vides des choses entièrement pleines et remplies !
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 30 :
Asclépios : Que veux-tu dire, Trismégiste ?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 31 :
Hermès : L’air n’est-il pas un corps ? Ce corps ne pénètre-t-il pas tout ce qui existe ? Et ne
remplit-il pas tout ce qu’il pénètre ? Tout corps n’est-il pas composé des quatre éléments ? Toutes
les choses que tu qualifies de vides ne sont-elles donc pas remplies d’air : et si elles sont remplies
d’air, ne le sont-elles pas aussi des quatre corps élémentaires ? Par là nous en venons à la conclusion
inverse de ce que tu disais : tout ce que tu qualifies de plein est vide d’air parce que l’espace en est
occupé par d’autres corps qui ne laissent plus de place à l’air. Et toutes les choses que tu dis vides
doivent être dites pleines et non vides ; car elles sont emplies d’air et de souffle.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 32 :
Asclépios : On ne peut rien opposer à cela Trismégiste, mais qu’est-ce que l’espace où se meut
l’univers ? Hermès : Il est incorporel Asclépios. Asclépios : Et qu’est-ce donc que l’incorporel ?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 33 :
Hermès : L’Esprit tout entier enfermé en lui-même, libre de tout corps, qui ne dévie pas, qui ne
souffre pas, intangible, immuable en lui-même, contenant tout, sauvant tout, libérateur, guérisseur ;
duquel émanent les rayonnements du bien, de la vérité, du principe originel de l’esprit et du principe
originel de l’âme.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 34 :
Asclépios : Mais qu’est-ce Dieu alors ?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 35 :
Hermès : Il n’est rien de tout cela, mais la cause de notre existence, et de tout ce qui est, comme
de toute créature en particulier. Car il n’a laissé aucune place au non-être ; tout ce qui existe vient à
l’existence de ce qui est et non de ce qui n’est pas : car au non-être manque le pouvoir de faire
naître tandis qu’au contraire l’être ne cesse jamais d’être.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 36 :
Asclépios : Qu’est-ce que Dieu enfin ?
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 37 :
Hermès : Dieu n’est pas la raison mais le fondement existentiel de la raison ; il n’est pas le
souffle mais le fondement existentiel du souffle ; il n’est pas la lumière mais le fondement
existentiel de la lumière. C’est pourquoi on doit honorer Dieu en l’appelant “le bien” et “le Père”,
noms qui ne conviennent qu’à lui et à personne d’autre. Car aucun de ceux qu’on appelle dieux,
aucun homme, ni aucun démon ne peut être bon d’aucune manière. Lui seul est bon et personne
d’autre. Aucun des autres êtres ne peut contenir l’essence du bien. Car ils sont corps et âme et n’ont
pas de place où le bien puisse demeurer. Car le bien contient l’essence de toutes créatures
corporelles comme incorporelles, les créatures perceptibles comme celles qui appartiennent au
monde des idées abstraites. Tel est le bien, tel est Dieu.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 38 :
Ne qualifie donc jamais rien d’autre de bon car c’est une impiété. Ne désigne jamais Dieu
autrement que comme le bien car c’est aussi une impiété.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 39 :
Tout le monde emploie sans doute le mot “bon”, mais tout le monde ne comprend pas ce que
c’est. C’est pourquoi tout le monde ne comprend pas Dieu non plus, et par ignorance qualifie de
bons les dieux et quelques hommes qui peuvent jamais l’être ni le devenir : car le bien est
l’immuabilité absolue de Dieu, inséparable de lui parce qu’il est Dieu lui-même, en vérité.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 40 :
On témoigne du respect à tous les dieux en tant qu’êtres immortels en les appelant dieu. Mais
dieu est le bien, non par marque de respect mais de par son essence même ! Car l’essence de Dieu et
le bien ne font qu’un ; ils forment ensemble l’origine des générations. Car est bon qui donne tout et
ne prend rien ? Et en vérité Dieu donne tout et ne prend rien. C’est pourquoi Dieu est le bien, et le
bien est Dieu.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 41 :
L’autre nom pour Dieu est Père, parce qu’il est le créateur de toutes choses. En effet, créer est la
marque du Père.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 42 :
C’est pourquoi la vie de celui dont la conscience est tournée dans la direction juste et donne
naissance au Fils, nécessite une gravité extrême, un zèle ardent et un profond dévouement à Dieu ;
tandis que c’est un grand malheur et un grand péché de mourir sans cette descendance et d’être jugé
par les démons après la mort.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 43 :
Car voici leur punition : l’âme sans naissance du Fils est condamnée à prendre un corps ni
masculin ni féminin, chose réprouvée sous le Soleil. Prends part à la joie, Asclépios, si tous
possèdent cette descendance ; mais entoure de compassion ceux qui ont le malheur d’en être privés,
car tu connais la punition qui les attend.
Livre VI d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 44 :
Puissent ces paroles, Asclépios, te mener, par leur nature et leur étendue, à la connaissance
élémentaire de l’essence du Tout.
Discours d’Hermès à Tat sur le caratère de l’unité
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :
Hermès : Considère le Maître constructeur du monde, car il a créé le monde entier, non de ses
mains mais par la parole, comme la réalité présente immuable, comme le créateur de toutes choses,
le seul-et-unique, qui a créé tout ce qui est selon sa volonté.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :
Car c’est là véritablement son corps, intangible, invisible, incommensurable et indivisible, que
l’on ne peut comparer à aucun autre corps. Il n’est ni feu, ni eau, ni air, ni souffle, mais ces choses
et toutes choses sont par lui et de lui.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :
Comme il est le bien, il n’a pas voulu se vouer cette offrande à lui seul et il n’a pas voulu orner la
Terre pour lui seul, mais comme joyau de ce corps divin, il a fait descendre l’homme, créature
mortelle d’un être immortel ; et de même que la Terre surpasse ses créatures par la vie éternelle,
l’homme surpasse ses créatures terrestres par l’intelligence et l’esprit.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :
L’homme devint un contemplateur des oeuvres de Dieu, il en était ravi et apprenait par elles à
connaître le Créateur. Ainsi Tat, Dieu dota tous les hommes d’intelligence mais non d’esprit. Et cela
non par une quelconque jalousie, car la jalousie ne vient pas d’en haut, elle naît ici-bas dans l’âme
de ceux qui ne possède pas l’esprit.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :
Tat : Pourquoi, mon Père, Dieu n’a-t-il pas conféré l’esprit à tous les hommes ?
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
Hermès : Il a voulu, mon Fils, que l’union avec l’esprit, à la portée de toutes les âmes, fut
instaurée pour prix de la course.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
Tat : Comment cela ?
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
Hermès : Il a fait descendre un grand cratère, empli des forces de l’esprit et envoyé un messager
pour annoncer au coeur des hommes : Immergez-vous dans ce cratère, vous, âmes qui le pouvez ;
vous qui espérez avec foi et confiance vous élever vers celui qui a fait descendre ce vase ; vous qui
savez à quelle fin vous avez été créées.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Tous ceux qui prêtèrent l’oreille à cet avertissement et se purifièrent en s’immergeant dans les
forces de l’esprit eurent part à la Gnose, la vivante connaissance de Dieu, et, recevant l’esprit,
devinrent des hommes parfaits.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :
Tous ceux qui n’accordèrent aucune attention à l’avertissement envoyé s’arrêtèrent aux frontières
de l’intelligence car ils ne reçurent pas les forces de l’esprit et ne surent pas quelle fin et par qui ils
avaient été créés.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :
Les observations de ces hommes contraints de se fier à leurs sens ressemblent à celles des
animaux dépourvus d’intelligence. Et comme leur caractère est un mélange de passion et de colère,
ils n’ont pas d’étonnement devant ce qui mérite méditation et réflexion, ils se vouent aux désirs et
passions du corps, croyant l’homme né à cette fin.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :
Quant à ceux auxquels fut accordé d’avoir part aux dons de Dieu, la raison paraît dans tous leurs
travaux, ils ne sont plus des mortels mais des hommes divins, dont l’âme-esprit embrasse tout ce qui
est sur la terre et dans le ciel.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :
Tous ceux qui se sont élevés en contemplant le bien apprennent à considérer le séjour ici-bas sur
la terre comme un malheur. Ils tiennent pour condamnables toutes les choses corporelles et
incorporelles, et se hâtent pleins d’ardeur vers le seul-et-unique.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :
Ô Tat, la manifestation croissante de l’âme-esprit, la formation des choses divines et la
contemplation de Dieu, tels sont les dons du cratère, le vase sacré.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :
Tat : Ô Père, je veux moi aussi m’immerger dans le cratère !
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :
Hermès : Si tu ne commences pas par haïr ton corps, mon fils, tu ne pourras pas aimer ton
véritable toi-même. Mais si tu aimes ton véritable toi-même, tu posséderas l’âme-esprit ; et une fois
en possession de l’âme-esprit, tu auras part aussi à la connaissance vivante.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :
Tat : Qu’entends-tu par là, Père ?
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :
Hermès : Tu ne peux, mon fils, t’attacher aux choses matérielles et aux choses divines. Il y a deux
états d’être : le corporel et l’incorporel, le mortel et le divin, et tu dois choisir entre les deux après
mûres réflexions : il n’est pas possible en effet de s’attacher aux deux. Lorsque ton choix sera fait,
témoigne de la décroissance de ce que tu as rejeté par la force agissante de ce que tu as choisi.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :
Ainsi le bon choix montre-t-il sa gloire non seulement en rendant divin l’homme qui l’a fait, mais
en prouvant encore son attachement et son dévouement à Dieu.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :
Le mauvais choix au contraire mène l’homme à sa perte ; en outre il est péché envers Dieu. De
tels hommes agissent comme des gens qui marchent en cortège au milieu du chemin, ne peuvent
rien faire par eux-mêmes mais gênent les autres dans leur marche ; ils déambulent dans le monde,
entraînés par les désirs de leur corps.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :
C’est pourquoi, Ô Tat, les dons qui viennent de Dieu ont été mis à notre disposition et le resteront
toujours : prenons donc garde que ce qui vient de nous soit digne d’eux et ne leur demeure pas
inférieur. Car ce n’est pas Dieu la cause de notre mal mais nous-mêmes qui le préférons au bien.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :
Vois, mon fils, à travers combien d’états véhiculaires, de foules de démons, de voiles de matière
et de courses stellaires il faut passer pour s’élever péniblement jusqu’au seul-et-unique. Le bien
n’est pas, et de loin, un lieu facile à atteindre. Le bien est illimité et sans fin ; il n’a pas de
commencement quant à lui-même, si pour nous il peut paraître en avoir un dans la Gnose, la
connaissance universelle de Dieu.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :
La Gnose n’est donc pas le commencement du bien, mais elle nous offre le commencement de ce
qu’il nous faut apprendre à connaître du bien.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :
Commençons donc et hâtons-nous en voyage à travers tout ce qui nous attend ; car en vérité il est
difficile de quitter ce qui est familier, et ce que l’on possède pour revenir aux choses anciennes et
premières. Ce qui est visible donne de la joie tandis que l’invisible éveille doute et incrédulité. Pour
l’oeil ordinaire, le mal est connu et manifeste ; au contraire le bien invisible. Le bien n’a ni figure ni
forme. Il est immuable semblable à lui-même, donc différent de tout le reste ; c’est pourquoi,
incorporel, il est invisible pour l’homme corporel.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :
Comme tout ce qui reste semblable à soi-même, l’immuable est bien supérieur au changeant ; et
le changeant, misérable en comparaison de l’immuable.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :
L’unité, l’un-et-indivisible, l’origine et la racine de toute chose est, comme tel, présent en toute
chose, Rien n’est sans origine, point de départ de tout, prend donc sa source uniquement en elle-même.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 27 :
Le nombre un contient, comme l’origine, tous les autres nombres en lui sans être lui-même
contenu dans aucun.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 28 :
Tout ce qui est engendré est imparfait, divisible, croît et décroît. La perfection n’est donc rien de
tout cela
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 29 :
Ce qui croît s’accroît par l’unité et retombe dans sa propre faiblesse dès l’instant où il ne peut
plus faire place à l’unité.
Livre VII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 30 :
Ainsi, ô Tat, pour autant que cela soit possible, ai-je mis devant toi en exemple l’image de Dieu ;
Si tu t’y absorbes intérieurement avec attention, et si tu persévères dans sa contemplation avec les
yeux du coeur, crois-moi, mon fils, tu trouveras le chemin du ciel. Et mieux : l’image de Dieu ellemême
te conduira sur ce chemin. Cette image, si l’on se tourne intérieurement vers elle, a ceci de
particulier qu’elle retient prisonnier en son pouvoir ceux qui se sont tournés vers elle et, comme
l’aimant attire le fer, qu’elle les attire vers le haut.
Hermès à son fils Tat : Le Dieu invisble est des plus manifeste
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :
Hermès : De ce qui va suivre, ô Tat, tu auras l’explication détaillée afin que tes yeux s’ouvrent
aux mystères de Dieu, lequel est au-dessus de tout nom. Par la contemplation intérieure, comprends
comment lui qui paraît invisible au commun des mortels te deviendra des plus manifeste.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :
Car il ne serait pas vraiment s’il n’était pas invisible. Car tout ce qui est visible, un jour s’est
formé, un jour s’est manifesté.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :
L’imperceptible est de toute éternité, car il n’a pas besoin de se manifester : il est éternel et fait se
manifester toutes choses.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :
Il rend tout manifeste sans se manifester lui-même ; il crée sans être créé lui-même ; il ne se
montre sous aucune forme perceptible mais confère à toute chose une forme perceptible.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :
Car seul ce qui est créé a une apparence perceptible. Naître, devenir n’est rien d’autre qu’entrer
dans le visible.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
Le Seul-qui-ne-soit-pas-né est donc aussi invisible que dépourvu d’apparence perceptible ; mais
comme il donne forme à toutes choses, il est visible par tout et en tout, de préférence à ceux à qui il
veut se manifester.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
C’est pourquoi, Tat, mon fils, prie d’abord le Seigneur, le Père, le seul, celui qui n’est pas
l’unique mais l’origine de l’unique, de t’accorder de pouvoir contempler ce Dieu d’une grandeur si
indicible, bien qu’il n’ait encore fait briller sur ta conscience qu’un seul de ses rayons.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
Seule la conscience de l’âme voit l’invisible parce qu’elle est elle-même invisible.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Si tu le peux, ô Tat, tu verras le Seigneur avec les yeux de ton âme-esprit car il se montre à
profusion dans l’univers entier.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :
Es-tu en état de voir la conscience de ton âme, de la saisir de tes mains et de contempler,
émerveillé, l’image de Dieu ? Alors, si ce qui est en toi est invisible pour toi, comment Dieu serait-il
visible en toi à tes yeux de chair ?
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :
Si tu veux le voir, tourne tes pensées vers le Soleil, vers la course de la Lune, vers la marche
ordonnée des étoiles.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :
Qui maintient cet ordre ? Car tout ordre est strictement déterminé par le nombre et la position.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :
Le Soleil, le plus grand des dieux du firmament, à qui tous les dieux du ciel font place avec
respect comme à leur roi et maître, indiciblement grand, plus grand que la terre et la mer, tolère que
des étoiles plus petites se déplacent au-dessus de lui. Par respect ou par crainte de qui, mon fils?
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :
Toutes ces étoiles ne tracent-elles pas dans le firmament un semblable et même chemin ? Qui
déterminera pour chacune la nature et la grandeur de sa course ?
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 15 :
Vois la Grande Ourse qui tourne autour de son axe propre et entraîne dans sa rotation le
firmament tout entier. À qui appartient ce mécanisme ? Qui fixa à la mer ses limites ? Qui donna à
la terre son fondement ?
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 16 :
C’est, ô Tat, le Créateur et Seigneur du tout. Aucun lieu, aucun nombre, aucune mesure
exprimant l’ordre cosmique ne pourraient exister sans lui, qui leur a donné forme. Chaque ordre est
le résultat d’une activité créatrice. L’absence de celle-ci se démontre dans ce qui n’a ni ordre ni
mesure.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 17 :
Or même cela ne peut exister sans lui, mon fils. Car si l’essence de l’ordre manque au désordre,
le désordre n’en est pas moins soumis à celui qui n’y a pas encore établi son ordre.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 18 :
Ô s’il pouvait t’être donné de t’élever dans l’air comme si tu avais des ailes et là, entre ciel et
terre, de contempler le corps stable de la terre, le mouvement immense de la mer, le courant des
rivières, la libre mobilité de l’air, la violence du feu, la marche des étoiles, la course du ciel et, tout
autour, la révolution de l’univers.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 19 :
Quelle grâce plus grande, mon fils, que cette contemplation quand l’homme perçoit tout cela audedans
de lui comme dans un éclair : comment l’immuable est mis en mouvement et l’invisible
rendu manifeste par les ouvres et dans les ouvres qu’il exécute. Tel est l’ordre de la création, et la
création est la louange de l’ordre.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 20 :
Si tu peux aussi percevoir Dieu dans les créatures mortelles et par les créatures mortelles qui sont
sur la terre ou dans les profondeurs, réfléchis, mon fils à la manière dont l’homme se forme dans le
sein de sa mère ; étudie avec soin l’art d’une telle formation et apprends qui est l’artisan de cette
belle et divine image de l’homme.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 21 :
Qui a modelé la sphère des yeux ? Qui a bordé les ouvertures des narines et des oreilles ? Qui a
ouvert la bouche ? Qui a tendu le réseau des muscles et des nerfs et l’a fixé dans le corps ? Qui a
posé les canaux des veines ? Qui a donné la dureté des os ? Qui a recouvert la chair de peau ? Qui a
séparé les doigts ? Qui a élargi la plante des pieds ? Qui a creusé les voies de sortie ? Qui a dilaté le
foie ? Qui a placé la rate ? Qui a donné au coeur sa forme pyramidale ? Qui a rendu les poumons
poreux ? Qui a fait sa place a la cavité du ventre ? Qui a mis en évidence les parties nobles et caché
les parties honteuses ?
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 22 :
Vois quel art et quelle diversité de méthodes pour une seule matière, combien de chefs-d’oeuvre
rassemblés en une seule ouvre ; le tout d’une extrême beauté, aux proportions parfaites et d’une
diversité relative.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 23 :
Qui a fait toutes ces choses ? Quelle autre Mère, quel autre Père que le Dieu invisible, a tout
façonné selon sa volonté ?
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 24 :
Personne ne prétend qu’il y ait une statue ou une peinture sans sculpteur ou sans peintre : et cette
création serait venue à l’existence sans Créateur , Ô suprême aveuglement, ô perte totale de Dieu, ô
fermeture extrême !
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 25 :
Ô Tat, mon fils, ne conteste jamais au Créateur l’ouvre de ses mains. Donne-lui un nom meilleur
et plus fort que Dieu pour exprimer sa grandeur : Père de toutes choses. L’état de Père revient à lui
seul, oui, c’est en vérité son acte de manifestation.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 26 :
Et s’il faut le dire de façon encore plus hardie : sa nature est de féconder et d’engendrer toutes
choses ; et de même que sans Créateur rien ne peut venir à l’existence, de même le Créateur de
l’éternité ne serait pas s’il ne créait pas éternellement : dans le ciel, dans l’air, sur terre, dans les
profondeurs, dans toutes les parties de l’univers, dans le tout entier, dans ce qui est et dans ce qui
n’est pas.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 27 :
Il n’est rien dans l’univers entier qu’il ne soit. Il est aussi bien ce qui est que ce qui n’est pas. Car
tout ce qui est, il le manifeste et tout ce qui n’est pas, il le contient en lui.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 28 :
Lui, Dieu, est au-dessus de tout nom ; lui, l’invisible, pourtant des plus manifeste ; lui que voit
l’âme-esprit mais que les yeux perçoivent aussi. Lui, l’incorporel, qui a beaucoup de corps, tous les
corps plutôt : car il n’est rien qu’il ne soit, car il est tout ce qui est. C’est pourquoi il a donc aussi
tous les noms puisqu’ils proviennent de l’unique Père. C’est pourquoi il n’a donc aucun nom
puisqu’il est le Père de tout.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 29 :
Qui peut te louer assez haut et selon ton mérite ? Où se tourneront mes yeux pour te louer ? en
haut, en bas, en dedans, en dehors ? Il n’y a nulle voie, nul lieu, pas la moindre créature qui soit
hors de toi ; tout est en toi, tout vient de toi. Tu donnes tout et tu ne prends rien : car tu possèdes
tout, et il n’y a rien qui ne t’appartienne.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 30 :
Quand chanterai-je ta louange ? Car on ne peut saisir ni ton temps ni ton heure.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 31 :
Et pour quelles choses chanterai-je ta louange ? Pour ce que tu as créé ou pour ce que tu n’as pas
créé ? Pour ce que tu as manifesté ou pour ce que tu tiens caché ?
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 32 :
Et avec quoi chanterai-je ta louange ? Comme si une chose m’appartenait, comme si je possédais
une chose en propre, comme si j’étais un autre que toi !
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 33 :
Car tu es tout ce que je puis être, tu es tout ce que je puis faire. Tu es tout ce que je puis dire. Tu
es tout et il n’y a rien que toi.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 34 :
Tu es même ce qui n’est pas. Tu es tout ce qui est né, et tout ce qui n’est pas né. Esprit, quand
c’est l’âme-esprit qui te contemple ; Père, quand tu donnes forme à l’univers entier ; Dieu, quand tu
te révèles force active universelle, le bien, parce que tu as façonné toutes choses.
Livre VIII d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 35 :
La matière la plus subtile est l’air, l’air le plus subtil est l’âme, l’âme la plus subtile est l’esprit,
l’esprit le plus subtil est Dieu.
Que rien de ce qui existe véritablement ne se perd, mais que c’est par erreur que l’on appelle les
changements morts et anéantissement.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :
Hermès : Parlons maintenant, mon fils, de l’âme et du corps, de la façon dont l’âme est
immortelle et de la nature de la force de cohésion et de dissolution du corps.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :
Car la mort n’a rien à voir avec ces choses ! La mort, la mortalité, n’est qu’une fiction, un
concept découlant du mot immortalité, dont on a laissé tomber la première syllabe. Ainsi donc, de
mortalité, il n’est plus question.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :
Car la mort est anéantissement : or rien de ce qui est dans le monde n’est anéanti. En effet, le
monde est le deuxième Dieu, un être immortel, il est exclu que la petite partie de cet être immortel
périsse : tout dans le monde fait partie du monde et surtout l’homme, l’être pourvu d’intelligence.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :
En vérité, en premier et au-dessus de tout est Dieu : l’Éternel, le Non-créé, le Créateur de toute
chose ; le deuxième Dieu, le Monde, est créé par lui à sa ressemblance, entretenu et nourri par lui,
doté d’immortalité puisque ceux qui sont issus du Père éternel possèdent la vie éternelle en tant que
créatures immortelles.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :
Il faut bien distinguer la vie éternelle de ce qu’est l’Éternel. En effet, l’Éternel n’est pas issu d’un
autre être. Et se serait-il formé, ce serait de lui-même. Il ne s’est jamais formé mais se crée luimême
dans un éternel devenir. Ainsi l’univers est-il éternellement vivant de par l’Éternel, mais le
Père est éternel de par lui-même : le monde est donc éternellement vivant et divin grâce au Père.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
De toute la substance matérielle à cela destinée, le Père façonna le corps du Monde ; il lui donna
une forme sphérique, détermina les qualités dont il l’orna, et lui conféra une matérialité éternelle
puisque la substance matérielle était divine.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
En outre, après que le Père eut répandu les qualités des espèces dans la sphère, il les enferma
comme dans une caverne, voulant orner sa création de toutes les qualités.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
Il enveloppa d’éternité le corps entier de la terre pour que la substance matérielle ne retournât pas
au chaos qui lui est propre, au cas où elle voudrait rompre avec la force de cohésion du corps.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Lorsque la substance matérielle ne formait pas un corps, mon fils, elle était désordonnée. Et elle
en possède toujours quelques traces dans son pouvoir de croître et décroître que l’homme appelle la
mort.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :
Ce désordre, ce retour au chaos, ne se produit que chez les créatures terrestres ? Les corps des
êtres célestes gardent l’ordre unique que le Père leur a donné dès l’origine ; et cet ordre est
maintenu indestructible par le retour d’eux à l’état de perfection.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :
Le retour des corps terrestres dans leur état précédent consiste dans la dissolution de la force de
cohésion, force qui retourne aux corps indestructibles, c’est-à-dire aux corps immortels. Ainsi y a-til
perte de la conscience sensorielle mais non destruction des corps.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :
Le troisième être vivant, l’homme, formé à l’image du monde, qui à la différence des autres
animaux possède l’intelligence selon la volonté du Père, n’est pas seulement lié par affinité au
deuxième Dieu, mais approche aussi en une contemplation intérieure, l’être du premier Dieu : car il
perçoit le deuxième Dieu avec les sens comme être corporel, tandis que sa vision intérieure lui fait
connaître le premier Dieu comme être incorporel, comme esprit, comme le bien.
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :
Tat : Cet être vivant n’est donc pas anéanti ?
Livre IX d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :
Hermès : Que tes paroles soient bonheur et joie, mon fils, et comprends ce qu’est Dieu, ce qu’est
le monde, ce qu’est un être immortel et ce qu’est un être soumis à la dissolution ; et vois : le monde,
né de Dieu ; et Dieu, la source du tout, tient tout enfermé en lui et garde tout en lui.
Le bien ne se trouve qu’en Dieu
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 1 :
Hermès : Le Bien, Asclépios, n’est nulle part ailleurs qu’en Dieu ; plutôt, Dieu est de toute
éternité le Bien. En conséquence le Bien est nécessairement la base et l’essence de tout mouvement
et de tout devenir : rien n’existe qui en soit dépourvu. Le Bien est entouré d’une Force statique de
Manifestation, en équilibre parfait : la Plénitude totale, la Source Universelle, l’Origine de toutes
choses. Car lorsque je nomme “Bien” ce qui suffit à tout, j’entends le Bien éternel et absolu.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 2 :
Or cette propriété n’est à personne d’autre qu’à Dieu. Car il n’est rien qui lui manque, de sorte
qu’un désir de possession ne peut l’avilir ; il n’est rien qu’il saurait perdre et dont la perte puisse
l’affliger ( car souffrance et douleur font partie du mal ) ; il n’est rien de plus fort que Lui et qui
puisse lutter contre Lui ( car plus qu’il n’est conforme à Son essence qu’il soit possible de lui faire
injure) ; rien ne Le surpasse en beauté et ne peut donc l’enflammer de l’amour des sens ; rien ne
peut Lui refuser obéissance et ainsi exciter son courroux ; il n’est rien qui soit plus sage que Lui et
qui puisse éveiller Son envie.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 3 :
Aucun de ces mouvements émotionnels ne se trouvant donc dans l’Être Universel, il n’y a rien en
Lui que le bien. Et de même qu’aucune autre propriété ne se trouve en un tel Être, de même le Bien
ne se trouve en personne d’autre.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 4 :
Car toutes les autres propriétés se trouvent dans tous les êtres, petits ou grands, en chacun d’une
manière particulière et même dans le Monde, le plus grand et le plus puissant de toute la vie
manifestée : or tout ce qui est créé est plein de souffrance puisque la génération même est une
souffrance. Là ou est la souffrance ( pathos), le Bien est incontestablement absent. Là ou est le Bien,
aucune souffrance n’existe, incontestablement. Car la où est le jour, il n’y a pas de nuit et là où est
la nuit , il n’y a pas de jour. C’est pourquoi le Bien ne réside pas dans le créé mais seulement dans
l’incréé. Mais la matière de toutes choses étant une part de l’incréé, elle est aussi, comme telle, une
part du Bien. En ce sens le Monde est bon : en tant qu’il produit aussi toutes choses, comme tel il
est bon. Mais sous tous les autres rapports il n’est pas bon : parce qu’il est lui aussi sujet à la
souffrance, qu’il est changeant et qu’il est Mère de créatures soumises à la souffrance.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 5 :
Quant à l’homme, il arrive à des normes de bonté par comparaison au mal. Car ici-bas ce qui
n’est pas trop mauvais vaut comme bon, et ce qui est jugé bon est un moindre mal. Il est donc
impossible que le bien, ici-bas, ne soit pas entaché de mal. Le bien , ici-bas, est toujours touché par
le mal et cesse d’être le bien. C’est ainsi que le bien dégénère en mal. Donc le bien est en Dieu seul,
oui, Dieu est le bien.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
Chez les hommes, Asclépios, le bien n’existe que de nom et nulle part en tant que réalité : ce qui
serait d’ailleurs impossible. Car le Bien ne peut trouver de place dans un corps matériel en proie de
tous côtés aux tourments, aux tensions insupportables, aux douleurs et aux désirs, aux instincts, aux
erreurs et aux perceptions des sens.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
Mais le pire, Asclépios, c’est que tout ce vers quoi les choses que j’ai citées poussent les
hommes, est considéré ici-bas comme le plus grand bien et non comme le mal extrême. Le désir
instinctif du ventre, cause de toutes les actions mauvaises, voilà l’erreur qui, ici-bas, nous tient
éloignés du Bien.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
C’est pourquoi je remercie Dieu de ce qu’Il a révélé à ma conscience la connaissance du Bien,
qu’il est impossible de trouver dans le monde. Car le monde est empli de la plénitude du mal,
comme Dieu de la plénitude du Bien, ou le Bien de la plénitude de Dieu.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Autour de l’Essence divine rayonne la Beauté qui, en vérité, habite l’être de Dieu en pureté
suprême et immaculée. Osons le dire, Asclépios, l’être de Dieu, s’il est permis d’en parler, c’est le
Beau et le Bien.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 10 :
Le Beau et le Bien ne se trouvent pas en ceux qui sont dans le monde. Toutes choses perceptibles
à l’oeil sont des apparences, semblables à des ombres. Mais tout ce qui échappe aux sens approche
le mieux l’essence du Beau et du Bien. Et l’oeil, de même qu’il n’a pas le pouvoir de voir Dieu, ne
voit pas non plus le Beau et le Bien. Le Beau et le Bien sont, en toute perfection, une partie de Dieu,
de Lui et de lui seul en propre, inséparables de Son Essence et l’expression du plus haut Amour de
Dieu envers Dieu.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 11 :
Si tu peux comprendre Dieu, tu comprendras aussi le Beau et le Bien, dans la suprême splendeur
de leur rayonnement, entièrement illuminés par Dieu. Car cette Beauté est incomparable, cette
Bonté, inimitable, comme Dieu lui-même. Dans la mesure où tu comprends Dieu, tu comprends
aussi le Beau et le Bien. Ils ne peuvent se transmettre à d’autres êtres parce qu’ils sont inséparables
de Dieu.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 12 :
Quand tu cherches Dieu, tu cherches également le Beau. Car il n’y a qu’une seule voie qui puisse
y revenir : une vie d’action au service de Dieu à la main de la Gnose.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 13 :
De là vient que ceux qui sont sans Gnose et ne suivent pas le Chemin fructueux en Dieu, osent
nommer l’homme beau et bon, lui qui n’a jamais vu, même en rêve, ce qu’est le Bien, lui qui est
sous l’emprise de toutes espèces de mal, qui prend le mal pour le bien, qui s’empare du mal sans
jamais s’en rassasier, craignant qu’on le lui dérobe et luttant de toutes ses forces pour le conserver,
et même l’augmenter.
Livre X d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 14 :
Ainsi en est-il, Asclépios, de la bonté et de la beauté humaines. Nous ne pouvons ni les fuir ni les
haïr, car le plus dur est qu’elles nous sont nécessaires et que nous ne saurions vivre sans elles.